Haïti, nous le savons maintenant, a tout à perdre du réchauffement climatique en cours. D’où notre intérêt pour tout ce qui y fait référence. Or, justement, ce tragique scenario se précise : « La Terre, révèle le cinquième rapport du GIEC, se réchauffe à une vitesse jamais vue dans sa longue histoire ». Et nous sommes tous concernés. « Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), un organisme des Nations unies, publie son cinquième rapport ce vendredi 27 septembre 2013 dans la matinée. Réuni depuis lundi en Suède,le gratin des climatologues met la dernière main à ce rapport très attendu. Ce n’est pas sur ce document qui a été finalisé en août à Berlin que vont se pencher tout au long de cette semaine les chercheurs présents à Stockholm, mais sur le «résumé au décideurs ». Ce document, destiné aux chefs d’États, comprend 22 pages et 9 figures. C’est un message éminemment politique qui est envoyé par la communauté scientifique aux 195 États membres de l’ONU. Tout au long de la semaine, chaque mot de ce document va donc être pesé pour être adopté à l’unanimité. De rapport en rapport les choses se précisent, et ce sont les scénarios du pire qui prévalent. La Terre se réchauffe à une vitesse jamais vue dans sa longue histoire. La banquise s’étiole à grande vitesse. La calotte du Groenland pourrait fondre complètement. Les océans vont se gonfler de plusieurs mètres. Des centaines de millions de gens vont se retrouver les pieds dans l’eau. Les tempêtes vont gagner en violence. Nous nous dirigeons plein gaz vers une autre planète. Les cris d’alarme des scientifiques n’y changent rien. Les conclusions d’une étude récente menée par le bureau du Programme des Nations-Unies pour le développement en Haïti et la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes en partenariat avec le Ministère haïtien de l’Environnement, sont formelles : – « Le phénomène du changement climatique aura d’importantes répercussions sur les réalités socioéconomiques haïtiennes (..) les modifications du climat affecteront particulièrement l’agriculture, l’environnement et l’état de santé des gens vivant en Haïti, (..) les cultures de denrées comme les haricots, du riz et du mais seront perturbées. – « Or, ce sont des produits qui font partie de la consommation quotidienne de la population. D’autres manifestations, telles, la diminution des cours d’eau et des sources d’eau sont également annoncées ».- « Les zones côtières, les forêts, les écosystèmes, les récifs coralliens, les mangroves et les plages seront aussi affectés », et il fera très chaud, si chaud, que cela provoquera la hausse de « l’incidence de maladie comme la malaria et la dengue ». Selon les conclusions des experts qui ont conduit la recherche, « l’État haitien doit incorporer l’adaptation au changement climatique dans tous les secteurs – tels : agriculture, santé et eau ». Ils invitent les autorités à voir le changement climatique comme un sujet transversal, en fonction duquel le secteur privé doit déterminer ses stratégies commerciales. Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un accord signé en juillet 2006 entre la CEPALC et le Bureau du PNUD en Haïti, en vue de renforcer les structures nationales, surtout celles du Ministère de l’Environnement en matière de changement climatique. Un autre rapport, publié par le cabinet d’étude britannique, Maplecroft, spécialisé dans l’analyse des risques internationaux pour le monde des affaires, classe Haïti parmi les 4 pays les plus vulnérables au changement climatique sur un total de 166 pays vulnérables. Six indicateurs principaux : économie, institutions et gouvernance, développement humain et santé, écosystèmes (gestion des forêts, impact humain sur l’érosion des sols), sécurité de l’approvisionnement en ressources (eau, nourriture, énergie) et enfin répartition de la population et infrastructures, ont été pris en compte dans ce rapport, intitulé « Index de vulnérabilité au changement climatique ». « Cet index n’a aucunement pour objectif de prédire les impacts du réchauffement climatique (montée du niveau des océans, sécheresses, inondations, ouragans, etc.) pays par pays », à en croire les rapporteurs. « Il s’agit de se concentrer sur la vulnérabilité des pays (…), sur la capacité des individus, des communautés, des économies et des sociétés à faire face aux risques ». La mission du GIEC Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est un organisme intergouvernemental, ouvert à tous les pays membres de l’ONU. Il s’agit d’évaluer, sans parti-pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Le GIEC n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue.Les quatre premiers rapports du GIEC Son premier rapport d’évaluation (1990) confirmait les informations scientifiques à l’origine des préoccupations sur le changement climatique, ce qui a incité l’ONU à établir une Convention cadre sur les changements climatiques adoptée en 1992 et entrée en vigueur en mars 1994.En 1992, le GIEC a produit un rapport supplémentaire destiné aux négociateurs de la Convention-cadre sur les changements climatiques du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, la même année. La principale conclusion de ce rapport est que les travaux scientifiques publiés depuis 1992 ne changeaient pas fondamentalement la compréhension de l’effet de serre et n’appelaient pas à remettre en cause les conclusions du précédent rapport. Le deuxième Rapport d’évaluation : « Changements climatiques 1995 a fourni les bases de négociation du « Protocole de Kyoto ». Le troisième Rapport d’évaluation : « Bilan 2001 des changements climatiques » comprend les trois rapports des groupes de travail et un rapport de synthèse sur les questions scientifiques directement liées avec les politiques à suivre. Le quatrième rapport d’évaluation : « Changements Climatiques 2007 » (AR4) a été publié le 16 novembre 2007. Il compile les travaux des Groupes de travail présentés lors de trois sessions échelonnées au cours de l’année :•Le rapport du Groupe de travail I sur les bases scientifiques physiques des changements climatiques présenté à Paris, le 1er février 2007.•Le rapport du Groupe de travail II sur les conséquences, l’adaptation et la vulnérabilité aux changements climatiques présenté à Bruxelles, le 5 avril 2007.•Le rapport du Groupe de travail III sur l’atténuation des changements climatiques présenté à Bangkok, le 3 mai 2007.•Le Rapport de synthèse (RSY) qui fait la synthèse des précédents. Il fut rédigé sous la direction de Rajendra K. Pachauri, Président du GIEC, et publié avec la version finale de l’AR4.Chacune de ces quatre parties est accompagnée d’un Résumé à l’intention des décideurs (summary for policy-makers, SPM) qui récapitule dans un format condensé les conclusions du groupe de travail pour des non-experts, et en particulier les décideurs politiques. L’AR4 servit ainsi de base aux négociations de la Conférence de Copenhague de 2009.HA/Radio Métropole Haïti Credit-photo : Rajendra Kumar Pachauri, le président indien du GIEC. Martial Trezzini/AP/SIPA Tout savoir sur le « Protocole de Kyoto » : http://unfccc.int/portal_francophone/essential_background/feeling_the_heat/items/3294.php
Le 5e rapport du GIEC sur le changement climatique sera publié vendredi
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