Les dirigeants haïtiens doivent instaurer un plus grand climat de stabilité politique, sans quoi l’aide au développement pourrait être compromise ». Après le coup de semonce de la semaine dernière, le message d’Ottawa au gouvernement haïtien est sans équivoque cette fois-ci. L’auteur de ces propos, le ministre canadien de la coopération et du développement et également responsable de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), Christian Paradis, est en effet assez explicite : « La tenue d’élections sénatoriales, qui étaient prévues en 2011, fait partie des gestes qui doivent être faits par les autorités haïtiennes pour raffermir la démocratie et la stabilité politique ».Pour le quotidien La Presse, qui rapporte ces propos dans son édition en ligne du mercredi 11 septembre, ce n’est pas un hasard si M. Paradis a fait sa toute première visite à l’étranger, en tant que nouveau ministre responsable de l’ACDI, à Haïti, qui reçoit l’une des plus grandes parts de l’aide au développement du Canada. Le ministre Paradis, constate notre confrère canadien, croit que les dirigeants haïtiens doivent rendre des comptes dans l’utilisation des millions de dollars venant des pays donateurs. L’idée de conclure un «pacte de responsabilité mutuelle» entre les autorités de Port-au-Prince et les bailleurs de fonds fait son chemin. «L’idée, c’est qu’Haïti nous dise clairement ce qu’ils veulent faire en termes de développement et que nous leur disions clairement ce qu’on attend. Il ne s’agit pas de leur dicter nos priorités, mais de leur dire ce qu’on attend d’eux, c’est-à-dire des résultats concrets, des résultats durables, une économie qui soit de plus en plus autosuffisante», a précisé le ministre. «J’ai été très clair devant les acteurs politiques. Ils doivent régler les enjeux politiques. Le Canada le répète avec insistance, sinon cela risque de compromettre le développement et personne ne veut cela. Ils le savent très bien et il n’y a personne qui a été offensé quand j’ai dit cela», a soutenu le ministre.La semaine dernière, le journal The Globe and Mail avait indiqué que le gouvernement canadien envisageait de réduire considérablement son aide matérielle et financière à Haïti. Le journal qui a eu accès à des documents rédigés en automne 2012, avait affirmé que la contribution financière canadienne à Haïti serait réduite à environ 90 millions de dollars par année. La diffusion de cette information était intervenue moins d’une semaine après une visite d’évaluation du ministre Christian Paradis en Haïti. Ce dernier avait exhorté les autorités haïtiennes à beaucoup plus de cohérence et d’efficacité dans la politique de développement et la gestion des ressources. Depuis 2007, le Canada a versé environ 1 milliard de dollars en aide à Haïti. En 2011-2012, l’aide s’élevait à 205 millions. HA/Métropole Matin
Le Canada conditionne son aide à Haïti
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