Le chef de la police haïtienne, Léon Charles, a dénoncé le lundi 23 mai 2005 l’« hypocrisie » de la communauté internationale envers Haïti, après la mort de deux policiers nationaux dans un quartier populaire de Port-au-Prince ( Bel-Air). Léon Charles a dénoncé ouvertement « l’hypocrisie de la communauté internationale » qui « maintient l’embargo sur les armes et munitions » contre Haïti. « Depuis 14 mois, nos moyens n’ont pas été renforcés », a déploré le commandant en chef de la police haïtienne, après la mort de deux policiers dans le quartier populaire de Bel-Air, le week-end écoulé. « On exige beaucoup de nous et on nous offre peu de moyens », a-t-il expliqué dans une interview accordée à une radio privée de la capitale, Signal FM. Par ailleurs, Léon Charles a indiqué que l’insécurité qui sévit notamment dans les bidonvilles de Port-au-Prince est due à « un manque de volonté » de la part des forces onusiennes en Haïti et non de moyens. Le chef de la police a affirmé qu’avec seulement « le tiers des moyens » dont dispose la force onusienne constituée de 7.000 hommes, ses hommes seraient « en mesure de rétablir la paix en Haïti. » « Donnez-moi le tiers des moyens dont dispose la Minustah et je rétablis la paix en Haïti », a déclaré le directeur général Léon Charles. M. Charles a cependant renouvelé la « détermination » de l’institution policière à s’acquitter de sa tâche et a sollicité le soutien de toutes les composantes de la société haïtienne pour de meilleurs résultats. M Léon Charles a également critiqué la réticence de la Minustah à accompagner la police haïtienne lors des opérations. Il a dénoncé la lenteur de la mission onusienne à réagir aux urgences. Dimanche, différentes unités de la police haïtienne ont mené une opération en vue de libérer un policier, Elton Ambroise, enlevé et exécuté par la suite par un gang dans le quartier de Bel-Air. Un policier du corps spécialisé swat-team a trouvé la mort lors des échanges avec les « bandits ». Six autres agents ont été blessés par balles ou fracturés gravement. Une dizaine de « bandits » auraient été tués pendant l’opération, selon Signal FM. Pas moins de 77 policiers sont tombés depuis le départ de Jean Bertrand Aristide en février 2004, notamment après le déclenchement par les partisans de l’ancien, en septembre dernier, de l’opération Bagdad pour réclamer son retour. Jeudi dernier, dans une note de presse, la Minustah avait annoncé que la situation était redevenue « normale » au Bel-Air. Dans un rapport publié le lendemain, le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, avait appelé le gouvernement de transition à ouvrir « rapidement » une enquête sur « les allégations de violations perpétrées par des membres de la Police nationale haïtienne. » Il exprimait alors ses préoccupations vis-à-vis de « la situation alarmante des droits de l’homme en Haïti. » Source : HPN
Le chef de la police d’Haïti dénonce « l’hypocrisie » de la communauté internationale envers son pays
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