Le dépistage précoce du BK, une alternative pour combattre efficacement la tuberculose

En dépit des efforts déployés ces dernières années, Haiti est le pays de la Caraïbe le plus affecté par le bacille de koch. Selon une récente étude menée par les centres GESKIO, 250 personnes sur 100.000 souffrent de tuberculose. Avec environ 20.000 tuberculeux, il y a lieu de parler d’un véritable problème de santé publique. D’autant que cette résurgence de cas de TB est liée au VIH/SIDA. 40% des 300.000 PV-VIH haïtiens développent une tuberculose, toujours selon cette enquête réalisée par les centres Gheskio.Sur l’ensemble du territoire haïtien, le dépistage et le traitement des tuberculeux est gratuit grâce à un programme national de lutte contre la tuberculose mis en place par le Ministère de la santé publique et de la population (MSPP) avec le concours de plusieurs de ses partenaires.De janvier 2004 à septembre 2005, Gheskio a dépisté plus de 1.000 patients tuberculeux qui, d’ailleurs, bénéficient gratuitement du programme de traitement mis en place depuis plusieurs années déjà. 57% de ces malades sont VIH/positif. Ils reçoivent de l’izoniazide, un médicament très efficace contre le BK. Seulement un très faible pourcentage de sidéens qui en consomment développe une TB.Le DOT , un outil efficaceA l’hopital Albert Schweitzer, l’une des institutions de santé qui pratique le DOT (Traitement Directement Observé), a démontré que ce programme était aussi efficace pour les patients VIH/positif souffrant de tuberculose. En effet, selon des informations fournies par ce centre hospitalier, 80% des sidéens qui reçoivent le DOT ne développent pas une TB contre 28% de ceux-là qui n’en reçoivent pas. Cette réussite est rendue possible grâce aux travailleurs de santé qui observent directement la prise des médicaments par le patient séropositif souffrant de la tuberculose. Le soutien des accompagnateurs est également d’une grande importance, souligne, pour sa part, Clovy Belot, responsable du service de prise en charge des cas de TB et de VIH/SIDA aux centres Gheskio. « Dès la première visite, une personne accompagne le tuberculeux jusqu’à son domicile en vue d’établir une relation étroite avec le concerné. Certain patient sous traitement se donnent parfois toutes les peines du monde pour respecter les rendez-vous préalablement fixés pour s’approvisonner en médicaments », révèle le docteur Belot. De plus, en l’absence d’un professionnel de la santé et d’un accompagnateur, le tuberculeux abandonne le traitement une fois une amélioration constatée. Dans la majorité des cas, le patient développe une résistance avec toutes les conséquences qui peuvent en résulter. Prise en charge globale Dans le cadre d’une prise en charge globale, d’une part, il s’avère nécessaire de dépister toutes les personnes évoluant dans son environnement immédiat car, il y a des risques de rechute pour un malade qui a été traité avec succès. D’autre part, il faut tenir compte de la situation économique du patient. Le centre Zanmi Lasanté qui est l’une des rares institutions à développer ce programme démontre que les malades qui reçoivent une assistance financière ou une aide alimentaire se réhabilitent assez rapidement alors que ceux qui n’en bénéficient pas font très peu de progrès.Une bonne prise en charge commence avec le dépistage du bacille de koch et du VIH, soutiennent des experts. « Prévenir vaut mieux que guérir », ce viel adage s’applique dans le cadre de lutte contre la tuberculose et le Sida. Un diagostic précoce permet d’éviter toute forme de complication et dépenses faramineuse pour la famille, soutient le docteur Belot. Dans le cas d’Haïti, pays le plus pauvre de l’hémisphère où les ressources économiques sont très limitées, le dépistage précoce du BK représente une alternative efficace pour combattre la tuberculose. En traitant cette pathologie considérée comme étant l’infection opportuniste la plus grave chez les sidéens, on parviendra à baisser considérablement le taux de mortalité chez les malades du Sida.Une bonne prise en charge dépend de tout un chacun. Le premier geste de responsabilité à effectuer, explique le docteur Clovy Belot, c’est de se faire dépister volontairement pour connaître son statut.Un test d’anticorps VIH déclaré négatif rassure et renforce la personne dans sa détermination à avoir toute sa vie un comportement sexuel responsable et sécuritaire. Et un test déclaré positif alors que la personne est encore à la phase asymptomatique peut être initié à temps une prise en charge et toute autre mesure qui lui permetra de rester en santé et ne jamais développer des infections opportunistes. C’est le même cas de figure pour la tuberculose. Un test de dépistage volontaire rassure et renforce ses dispositions de combattre la maladie.Le dépistage précoce est indispensable Les experts en TB et VIH/Sida s’accordent à dire qu’il existe un seul moyen capable de prévenir ou de traiter efficacement certaines complications : « le dépistage ». Un dépistage complet comprend des examens biologiques et une radiographie des poumons. La personne qui présente des symptômes et signes des deux pathologies est immédiatement prise en charge. Elle bénéficie d’une séance/conseils pré-test, ensuite le test de dépistage. Avant de lui communiquer les résultats de ses examens, elle suit une autre séance/conseils, le pos-test, explique le docteur Belot.Pour ce qui concerne précisément la tuberculose, une particularité est notée par les experts. L’examen de crachat peut se révéler négatif alors que les lésions diagnostiquées après la radiographie prouvent le contraire. Dans ce cas, le dossier doit être réévalué deux mois plus tard. Dans certains cas, l’examen de crachat confirme la présence d’une forte quantité de BK disséminés dans l’organisme du patient . Quelque 27 centres de dépistage volontaire du VIH/SIDA fonctionnent à travers le pays. Disposant de personnels formés, certains de ces CDV sont en mesure de dépister le BK et de prendre en charge les patients tuberculeux en appliquant le programme DOT. Mais, il revient au Ministère de la santé publique et de la population de prendre une décision en ce sens, selon Clovy Belot.Texte de Cossy Roosevelt, lauréat du concours Stop TB Panos Caraibes/Haïti

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