
La direction artistique du Festival de théâtre Quatre chemins a rendu public depuis plus d’une semaine la programmation de la 11e édition du festival.Selon des informations publiees par la FOKAL sur son site internet , le festival se déroule du 24 novembre au 6 décembre. Des metteurs en scène haïtiens et étrangers proposeront au public leurs dernières créations dans différents lieux de Port-au-Prince dont FOKAL et l’Institut français d’Haïti. Des conférences et ateliers sont également organisés pour le public. « Nous avons opté, cette année, pour des spectacles payants dont une partie de la recette sera versée pour les droits d’auteurs. De nombreuses autres manifestations seront gratuites. » a déclaré l’Association Quatre Chemins qui prend en charge l’organisation du festival depuis son dixième anniversaire. En cette onzième année d’existence du Festival Quatre Chemins, les invités promettent une fois de plus de tenir leurs rôles de trouble-fêtes, d’agitateurs. Ils promettent de venir nous tourmenter, nous tourner la cervelle : oMurat Milord, dans son Mèt Minui, qui convoque tous les esprits, les personnages de la nuit et du jour (Madan Brino, Talon kikit, Elizabèt…), tous ces fantômes vivants qui ont hanté notre enfance et aussi notre devenir ;oCamille Louis, de Paris 8, pour brouiller les pistes, quand le plateau est-il le lieu du jeu, du discours, de la philosophie, et quand y a-t-il représentation, performance ou philosophie ; oEtienne Lepage avec Alix Dufresne, deux témoins oculaires de la vitalité bouillonnante du théâtre canadien en langue française, viennent ouvrir pour nous ce chapitre tant convoité d’un pays doté d’un théâtre en pleine expansion ; oJohny Zéphirin, pour nous bousculer, casser nos codes habituels, dans une mise en scène subtile et osée, avec des personnes en situation de handicapes physiques, nous arrivera des Gonaïves ; oChelson Ermoza, lui de Jérémie, campera des contes sur le séisme dans un titre bordant Haïti d’amour : 27 750 Km2 Lanmou ;oMichèle Lemoine nous propose une mise en scène précise, hachurée, un œil contemporain sur la dictature purulente des Duvalier, avec comme interprète la puissante Magali Comeau Denis ; oBeatriz Munoz, cette vidéaste hors-pair de Porto-Rico, avec sa touche ethnographique, nous fera l’honneur d’être avec nous, et travailler dans nos rues, nos ruines, et nous les restituer ; oDaniel Marcelin, comme pour nous faire regretter son sabbat théâtral, nous laisse avec une très belle adaptation des Gouverneurs de la Rosée, le beau roman christique de Roumain, bien servi sur ce coup, en attendant que Daniel nous revienne d’ici là : Chapeau camarade ! Honneur et Respect ! Honneur et respect à Syto Cavé en cette année 2014 ! Pour faire tomber nos ruines, nous mettre debout, il nous faut des assises, alors Syto Cavé nous met par-devant nous-mêmes, dans sa façon beckettienne de nous tourner à l’envers à l’endroit ou vice versa, il nous revient avec son Brakoupe (1987), incroyable pièce qui emprunte autant à Pirandello, à Brecht, qu’à Beckett, dont plusieurs bonhommes, en toute distanciation, parlent d’un bras qui n’existe pas, d’un homme qui s’il n’avait perdu un bras n’aurait pas le nom Brakoupe, et qui sans ce bras tombé, ce bras en ruine, sans ce surnom n’aurait pas eu d’histoire…Et nous, spectateurs, pas de théâtre non plus ! On reviendra encore avec Syto Cavé, l’immensité du personnage nous empêche de tout puiser de lui, dans un magnifique concert le jour du 5 décembre à Le Villate, pour vous inviter tous à redécouvrir non cette fois Haïti, mais : Chantons Chansons Syto, un spectacle où les poèmes-chansons très connus de l’artiste (La Pèsonn, Fè van pou mwen, Fanm nan bèl…) seront interprétés par : Alan Cavé, son fils, Boulot Valcourt, son compagnon de route, Wooly St Louis Jean, l’une des plus belles voix à interpréter avec justesse sa divine poésie… Quatre Chemins a fait aussi le pari de se lier à d’autres acteurs culturels, d’emprunter des espaces déjà existants : des ateliers ouverts au grand public et animés par nos invités tout le long du festival dans les salles de l’Institut français ; Le Bar, qui depuis début octobre anime des débats et ouvre la saison « un inventaire de la scène théâtrale haïtienne » ; Café Philo, lieu de hauts débats à Bois-Verna ; Les vendredis littéraires, plus de vingt ans maintenant de débats passionnés à Delmas autour de la littérature ; une longue série de conférences à la Bibliothèque Nationale, à la Librairie La Pléiade ; la comédienne Caroline Berliner, sur la profession d’artiste dans et face à la cité ; un esprit comme Etienne Tassin, spécialiste d’Hannah Arendt, et de nombreux autres intervenants encore, pour nous interroger, soulever des questions essentielles, comme : l’art fait-il bon ménage avec la dictature, ou pour parodier Arnold Antonin : « un Tonton Makout peut-il être poète ? » EJ/Radio Métropole Haïti