
Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) se dit préoccupé par rapport aux divers reports des rencontres prévues dans le cadre du dialogue bilatéral entre Haïti et la République Dominicaine. L’organisation, qui affiche de plus en plus son scepticisme, se demande si ces négociations aboutiront à des résultats favorables aux migrants-es haïtiens et à leurs descendants vivant en territoire dominicain. En effet, pour la troisième fois consécutive, la rencontre binationale prévue à Jacmel, sud est d’Haïti, est reportée. « Les autorités dominicaines continuent de trainer les pieds. En dépit de leurs engagements lors des deux précédentes rencontres, elles n’ont pas pris des mesures nécessaires pour présenter la loi devant restituer la nationalité dominicaine aux victimes de la sentence TC168/13. Entre temps, les autorités haïtiennes n’y font pas attention et foncent dans le brouillard avec son programme d’identification des immigrants haïtiens en République Dominicaine », déplore le GARRTout en encourageant l’Etat haïtien dans cette entreprise, le GARR croit que le moment est mal choisi pour réaliser de telles opérations en République Dominicaine. Le gouvernement haïtien, à l’instar de la CARICOM, devrait attendre que la République voisine résolve le problème d’apatridie engendré par la sentence avant d’initier son programme. Une façon d’éviter que le dossier des Dominicains/Dominicaines dénationalisés soit noyé dans le plan de régularisation qui ne concerne que les migrants/migrantes haïtiens. D’autant en plus que depuis le 7 janvier 2014, ces échanges entre les deux pays de l’ile s’apparentent à des actions de diversion. Ils ne pourront en aucune manière résoudre le grave problème créé par l’Arrêt TC 168/13 rendant apatrides des milliers de Dominicains/Dominicaines d’ascendance haïtienne. Le remaniement ministériel du gouvernement Martelly-Lamothe réalisé, le 2 avril 2014, renforce les inquiétudes sur l’orientation des négociations sachant que de nouvelles têtes sont susceptibles de faire partie de la délégation haïtienne. Le GARR rappelle que, le 19 février 2014, lors de la présentation du rapport de la CIDH au Conseil permanent de l’OEA à Washington, Duly Brutus, l’actuel Ministre des Affaires Etrangères, n’avait pas su profiter de sa position d’Ambassadeur d’Haïti à l’OEA pour défendre valablement le pays et les victimes de la sentence raciste et xénophobe du Tribunal constitutionnel dominicain. D’autre part, note GARR, les autorités dominicaines continuent de poser des actes qui mettent en doute leur bonne foi dans la résolution de la crise née de la publication de la sentence TC168/13. « Les menaces proférées contre Edwin Paraison, le coordonnateur de la « Fondasyon Zile », le prouvent», soutient l’Organisation, rappelant que M. Edwin Paraison, ancien Ministre des Haïtiens vivant à l’Etranger, s’était vu frappé d’interdiction de départ par des agents de la migration dominicaine tandis qu’il s’apprêtait à se rendre Haïti, le 4 avril dernier. Ce qui lui a couté son absence à une rencontre avec la commission gouvernementale haïtienne sur le programme d’identification des Haïtiens en République Dominicaine. Même si certains représentants du gouvernement dominicain notamment José Ramon Fadul ministre de l’Intérieur et de la Police et Jose Ricardo Taveras, Directeur de l’Immigration ont présenté des excuses à M Paraison tout lui en informant que des mesures disciplinaires seront prises à l’encontre de la chaine de commande, Le GARR doute fort qu’un agent d’immigration oserait bloquer l’ancien ministre s’il n’avait reçu d’ordre de ses supérieurs hiérarchiques. Le GARR se dit indécis quant à l’avenir des négociations et aux accords qui en découleront. Il croit qu’il est temps que l’Etat dominicain prenne une décision efficace permettant de restituer les droits fondamentaux aux citoyens/citoyennes dominicains, qui se sont vus retirer leur nationalité. Il estime que la proposition d’une loi de reconnaissance de nationalité de ces victimes, déjà soutenue par des organisations de la société civile dominicaine, serait la mieux appropriéeEn attendant la tenue de l’éventuelle rencontre annoncée pour le 6 mai 2014 entre les deux pays partageant l’île, le GARR exhorte les autorités haïtiennes à se ressaisir et ne pas se faire complices de l’Etat dominicain dans l’application de son projet de génocide civil. Il les invite à prendre ses responsabilités dans la défense des valeurs et principes de droits humains en réclamant l’annulation pure et simple de l’arrêt TC 168/13 et surtout de ne poser aucun acte susceptible de favoriser l’application de la sentence. Le GARR encourage le gouvernement haïtien à adopter des mesures concrètes pour redonner aux citoyens/citoyennes plus de dignité et de fierté afin de diminuer les attentions vers la République Dominicaine comme l’ultime moyen en vue d’un mieux être. MJ/Radio Métropole