Le nouveau conseil d’administration de la banque centrale souhaite un changement de tendance dans la politique monétaire

Recevant la presse locale vendredi dernier au siège de la Banque de la République d’Haïti (BRH) à la Place Geffrard dans la capitale financière haïtienne, les nouvelles autorités monétaires n’ont pas écarté la possibilité d’une certaine baisse de taux d’intérêt sur le marché monétaire de façon à favoriser le crédit dans l’économie haïtienne au cours des prochains mois. A rappeler que le président de la République, M. Jean-Bertrand Aristide, avait demandé aux nouveaux responsables de la BRH au cours d’une rencontre au Palais National en début de semaine dernière, de faire preuve d’imagination pour élargir l’accès au crédit à un plus grand nombre d’agents économiques. Il convient de souligner que les autorités fiscales haïtiennes entretiennent, depuis quelque temps déjà, un important déficit budgétaire résultant de la faiblesse des recettes publiques et d’un niveau de dépenses assez élevé du côté de l’Etat. Estimé à plus de 2,5 milliards de gourdes durant l’exercice fiscal 2000-01, ce déficit a déjà franchi la barre de 2 milliards de gourdes durant les trois premiers trimestres de l’exercice en cours. Privé du support financier externe, le gouvernement a eu recours à la banque centrale de manière fréquente pour financer ce déficit. Les autorités monétaires ont déjà avancé 1,8 milliard de gourdes au Trésor Public durant l’exercice en cours pour le financement du déficit. Selon le dernier rapport publié par la Banque de la République d’Haïti, les créances de l’Etat haïtien envers la BRH au 30 septembre 2000, sont estimées à plus de 5 milliards de gourdes tandis que les intérêts à recevoir par la BRH s’élevaient à la même date à plus de 145 millions de gourdes.Pour éviter que l’élargissement continu du déficit budgétaire ne provoque un dérapage du dollar US par rapport à la gourde haïtienne ainsi que l’émergence de fortes pressions inflationnistes, la précédente équipe à la tête de l’Institut d’Emission avait appliqué une politique monétaire très restrictive. A noter que les taux sur les réserves obligatoires sont fixés actuellement à 31% tant sur les dépôts en gourdes que sur les dépôts en devises tandis que les taux sur les bons BRH ont atteint des niveaux records, soit plus de 25% pour l’échéance la plus longue (91 jours). Le resserrement de l’étau monétaire par la BRH au cours des deux dernières années a donné lieu à un renchérissement du crédit dans le système bancaire local avec le taux de base bancaire, soit le taux chargé par les banques aux meilleurs clients évoluant autour de la barre de 30%, ce qui a découragé les investissements dans l’économie nationale. Héritant d’une situation financière et monétaire très précaire, les nouveaux responsables de la BRH disposent ainsi d’une marge de manoeuvre extrêmement limitée. La prochaine mission du Fonds Monétaire International (FMI) devrait recommander un programme de stabilisation au gouvernement avec un contrôle plus strict des dépenses publiques. Il est difficile de prévoir un changement de politique monétaire à court terme au niveau de la banque centrale du fait que les conséquences peuvent aggraver la situation économique et financière. En fait, une baisse de taux directeurs favoriserait une plus grande liquidité dans l’économie haïtienne et créerait une plus grande instabilité macroéconomique. A rappeler que le dollar évolue depuis quelques séances déjà au-dessus de la barre de 25 gourdes à la vente sur le marché bancaire haïtien et le taux d’inflation, calculé en rythme annuel, au cours du mois de juillet est supérieur à 15%. Kesner Pharel – Economiste – Radio Métropole – kfpharel@hotmail.com

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