Le président de la république a présenté l’état de la nation, à l’occasion de l’ouverture de la première session ordinaire de l’année législative. Selon le Président Jovenel Moïse L’année 2017 a été marquée par de nombreuses difficultés. Les impacts du dévastateur ouragan Matthew sont encore palpables. Les contraintes structurelles aux nombreuses conséquences économiques, politiques et sociales demeurent vivaces. Cependant, fort de votre résilience extraordinaire, le pays a été engagé dans un processus de changement de manière déterminée pour, enfin, le relever de sa trop longue et persistante léthargie. « Au sein de mon administration, nous sommes animés d’une volonté politique farouche pour que Notre Haïti, cette terre de liberté que nos ancêtres, au prix de leur sang, nous ont léguée, devienne un havre de paix, de progrès, de prospérité et de stabilité. Les enseignements tirés des 11 premiers mois de mon quinquennat renforcent ma détermination à poursuivre les réformes structurelles nécessaires pour que Notre Patrie, la République d’Haïti, devienne un pays où il fait bon vivre », a déclaré le Chef de l’État. Il a réitéré solennellement son attachement à la démocratie, au respect des institutions républicaines et à la justice sociale. « C’est pourquoi, dès mon accession à la magistrature suprême de l’Etat, le 7 février dernier, conscient de la nécessité que le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, convergent leurs efforts dans la recherche du bien commun, nous avions convenu d’un agenda législatif conjoint pour doter le pays des outils juridiques nécessaires pour sa bonne gouvernance », a indiqué le président . Je prends plaisir donc à adresser un hommage chaleureux et sincère envers les Bureaux sortants et les commissions, respectivement, du Sénat et de la Chambre des Députés, ainsi qu’à l’ensemble des parlementaires, pour le volume très appréciable de travail accompli. C’est pour moi une des expressions de cette volonté politique à laquelle je me référais précédemment. Le Parlement, dans le cadre de ses attributions constitutionnelles, joue un rôle déterminant dans l’accompagnement du Peuple haïtien dans sa lutte ardue pour la reconquête de la plénitude de la souveraineté nationale. Haïti a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles pour le conduire sur les rails du développement. C’est donc un devoir patriotique de mettre fin, définitivement, aux luttes fratricides qui, au bout du compte, ne font que faire régresser le pays. L’agenda législatif conjoint de l’année 2017, qui a abouti au vote de lois tant attendues pour lancer la réforme de l’Etat est un exemple de notre capacité de nous mettre ensemble pour lancer le pays dans la voie de la modernité et du progrès économique, social et humain. L’opposition républicaine, démocratique et respectueuse de la loi, qui manifeste son désaccord dans un climat constructif et serein, c’est un gage du développement du système politique haïtien, ….. c’est un ferment essentiel de la stabilité politique, …. C’est une condition du bien-être collectif. Le changement dans notre pays ne sera pas le fruit du hasard ou un cadeau qu’on nous fera. Il résultera de notre capacité de nous projeter dans l’avenir ensemble. Car, il est clair que pour changer durablement notre pays, nous devons préalablement collectivement intégrer et croire fermement que cela est possible. Nous devons dépasser le bavardage politique ambiant, assumer notre passé (avec son actif et son passif), pour le dépasser … et affronter l’avenir avec intelligence et responsabilité. Nous devons proclamer haut et fort les valeurs que nous voulons promouvoir ensemble : les valeurs d’égalité, de liberté, de prospérité. Les ancêtres nous ont sortis de l’esclavage, nous avons la responsabilité de laisser en héritage aux générations futures un pays meilleur que celui dans lequel nous avons grandi. C’est dans cette dynamique que j’inscris mon quinquennat, c’est à ce rendez-vous que j’invite l’ensemble du corps politique haïtien. Durant cette première année de mandat, je me suis mis à l’écoute de l’opposition s’exprimant, au sein du Parlement, dans les quartiers, par le biais des organisations de la société civile ou à travers les médias. Mais les actes de banditisme, de vandalisme et de violence qui empêchent les paisibles citoyens de poursuivre librement leurs activités sont fortement condamnés et ne font pas partie du jeu démocratique parce qu’une opposition se doit d’être critique, constructive et créative. Nous exhortons donc tous ceux et toutes celles qui veulent manifester leurs désaccords à le faire dans le respect de la loi, de la démocratie et du pluralisme politique. Les critiques constructives émanant de l’opposition parlementaire ont fait office de conseils et m’ont permis d’ajuster certaines de mes actions. Pour cela, et pour votre attachement à la République, plus particulièrement aux idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité dans l’union qui fait la force, je vous adresse un salut patriotique. Je sais qu’il n’est pas nécessaire de rappeler ici, du haut de cette tribune, que seule une détermination sans faille à surmonter nos différences, dans le respect mutuel, peut nous aider à trouver les outils nécessaires nous permettant de combler les retards accumulés aux cours des décennies et d’en venir à bout des inégalités insupportables qui maintiennent le pays dans cette ambiance délétère et dégradante. C’est par ce biais, et par ce biais seulement, que nous réussirons à placer notre pays, définitivement, sur la voie du développement durable tant souhaité par tous nos compatriotes. A mes frères et sœurs de l’opposition, qui ne partagent pas les orientations politiques de mon administration, je dis que je respecte leurs choix. La pluralité des idées est un élément vital pour notre démocratie. Pour l’année 2018, mon Administration souhaite un effort supplémentaire de nos Honorables Parlementaires en vue de boucler l’Agenda législatif établi conjointement en 2017. Ce sera un exemple palpable du nouvel élan civique et patriotique qui anime les acteurs politiques haïtiens. Entre-temps, sur la lancée de 2017, le gouvernement se prépare à présenter au Parlement un agenda législatif pour l’année 2018 dans les domaines de l’investissement, du renforcement et de la modernisation des institutions judiciaires, de l’administration publique, des services de base, du changement climatique, de la sante publique, de l’éducation, de l’emploi et des jeunes. C’est dans cette même optique que le pouvoir exécutif, après maintes consultations dans le cadre du dialogue politique et social permanent que je promeus, lance les États généraux sectoriels de la Nation. Au cours de nos échanges avec des compatriotes de tous les secteurs, nous avons recueilli vos points de vue. Certains compatriotes parlent de conférence nationale ou d’autres de dialogue national. En fin de compte, l’objectif est le même : trouver un consensus politique et social autour d’un programme de développement irréversible, à exécuter sur une période d’au moins 25 ans, pour sortir le pays définitivement de son statut d’Etat failli qui ne fait pas honneur aux sacrifices de nos ancêtres. Au-delà des luttes politiques et sociales, la Corruption est le mal absolu, la gangrène qui afflige Notre Pays ; c’est un crime contre le développement et les intérêts supérieurs du peuple haïtien. J’entends intensifier la lutte contre la corruption, les malversations et le vol des biens de l’Etat. De même, il faut arrêter le comportement abusif de certains fonctionnaires et particuliers qui agressent la population avec leurs sirènes, leurs gyrophares, leurs vitres excessivement teintées pour se protéger contre je ne sais quel danger ; aux automobilistes qui circulent sans plaques d’immatriculation, et même à contre-sens, alors que de paisibles citoyens subissent ces agressions, désemparés ; aux rançonneurs qui empêchent au peuple d’obtenir les services publics auxquels il a droit ; aux fonctionnaires qui ne travaillent pas, mais perçoivent leur salaire ; aux fonctionnaires qui encouragent la surfacturation pour bénéficier de ristourne ; aux fossoyeurs de tout acabit qui rendent la vie pénible aux citoyens. Je vous annonce que ces gens qui violent les lois de la République seront poursuivis et sanctionnés. De même la nouvelle unité de police pour combattre la contrebande sur la frontière témoigne de la volonté de mon administration de contrecarrer la corruption. Cependant, ce combat n’est pas seulement l’affaire du pouvoir exécutif. Le Parlement doit fournir l’arsenal juridique ; et le pouvoir judiciaire sanctionner les contrevenants. Je rappelle que l’exercice du pouvoir politique, le statut de fonctionnaire, ou de membre des 3 pouvoirs constitués de l’Etat, ne donnent à quiconque carte blanche pour voler, se lancer dans la corruption, dans la contrebande, ou semer la pagaille dans les rues de la République ! Certainement, si la majorité des citoyens qui sont en détention, le sont arbitrairement, au-delà des délais constitutionnels, c’est en partie parce que la justice n’agit pas. C’est aussi parce que, au-delà des difficultés matérielles, la loi et les règles de procédure ne sont pas appliquées. S’agissant des relations extérieures de notre Pays, Haïti est en train de tourner le dos à l’assistanat. Notre pays s’engage sur la voie du partenariat agissant, qui répond à ses priorités. Trente ans d’assistanat et plusieurs milliards de Dollars dépensés par nos partenaires internationaux, toutes catégories confondues, pour la plupart, pour financer des petits projets non structurants, ont, tristement, démontré leurs limites. Ils ont laissé un héritage lourd et couteux en termes d’affaiblissement de l’Etat et de perte de confiance des citoyens dans les institutions de la République et dans leurs dirigeants. Cette politique est révolue depuis le 7 février 2017. Nous, Haïtiens, devons reconnaitre que l’initiative de développement national nous revient, d’abord et toujours. Nous sommes responsables du fait que plus de trente ans de sempiternelle transition a atrophié les capacités créatrices du Pays. Nous, qui sommes issus de cette nouvelle génération de leaders politiques, économiques et sociaux, rejetons le pessimisme et le fatalisme ambiant qui veulent faire croire qu’Haïti est condamnée à la médiocrité et au sous-développement. Cette perspective est un crime contre l’épopée de 1804. Aujourd’hui, nous déclarons, donc, haut et fort, devant la Représentation Nationale, devant l’ensemble des citoyens haïtiens qu’ils vivent dans le pays ou à l’étranger, nous déclarons à la face du monde que la République d’Haïti prend, désormais, son destin en mains. Aux amis et partenaires internationaux de la République d’Haïti, mon administration et le gouvernement renouvellent leur attachement au bon voisinage. Membre fondateur des Nations unies et de l’Organisation des Etats américains, Haïti privilégie des relations amicales avec tous les pays, sans distinction. L’année dernière, le gouvernement haïtien a entamé une nouvelle politique de réforme de sa diplomatie. Elle est désormais orientée vers la poursuite des intérêts supérieurs nationaux. Le gouvernement a initié une évaluation de l’appareil diplomatique et de la politique extérieure du pays. Ces réformes commencent a porter fruit. S’agissant de l’aide publique au développement, la Caravane du changement est la stratégie que nous avons choisie pour mener la politique nationale de développement. Le gouvernement entend continuer à dialoguer avec ses partenaires internationaux afin de mettre en œuvre le nouveau paradigme de coopération. S’agissant de la politique d’adaptation, de mitigation et de résilience accrue aux effets du changement climatique, le gouvernement Haïtien poursuivra ses efforts de redressement environnemental. Dans le cadre de sa présidence tournante de la Communauté caribéenne, CARICOM, Haïti entend, durant ce mandat de 6 mois, organiser une conférence pour développer une approche régionale commune en ce qui concerne l’assurance contre les dégâts causés par les ouragans et les mesures collectives de résilience environnementale. Les Cyclones Matthew de 2016, ainsi que Maria et Irma en 2017 ont démontré que les pays de la région ne peuvent pas continuer à agir de façon isolée. C’est le message que j’avais passé au Sommet sur le financement de l’action climatique à Paris le 12 décembre dernier. C’est la politique qu’Haïti développera davantage cette année. Aux plans commercial et industriel, Haïti attache une attention toute particulière aux relations constructives et mutuellement bénéfiques entre tous les pays. Cependant, Haïti ne peut, ne doit pas continuer à être un lieu d’achat et de revente des produits de toutes sortes, sans contrôle de qualité. L‘économie de rente est anti développement économique et social. Elle génère : inégalités, corruption, gaspillage des ressources stratégiques et précarisation de la vie de la majorité des citoyens. Elle n’a jamais et elle ne pourra jamais contribuer à réaliser l’ambition ultime de la politique, au sens premier du mot, qui est celle de promouvoir le bien-être général de la population. Nous sommes convaincus que la meilleure politique migratoire est de renforcer l’État haïtien, de promouvoir l’Etat de droit, de produire davantage et mieux, de mieux éduquer le peuple, de fournir des services de base, dont les soins de santé, l’eau potable et la protection de l’environnement, et de créer des emplois décents et durables. Autant de choses qui ne seront réalisables que dans le cadre de stabilité retrouvée grâce à une vision partagée de notre avenir commun. Il est donc de l’intérêt de tous nos voisins du bassin des Caraïbes, de l’Amérique du Nord et du Sud, en particulier, qu’Haïti puisse créer davantage d’emplois, en attirant des investissements directs et en produisant davantage pour la consommation nationale, ainsi que pour l’exportation. A cet effet, le gouvernement, de concert avec le Parlement, et en renforçant l’appareil judiciaire, poursuivra sa politique d’amélioration du climat des affaires, à travers les grandes initiatives suivantes : 1) Intensifier la lutte contre la corruption par des mesures pour freiner la surfacturation ; pour améliorer le processus de passation de marchés publics ; pour assainir l’Administration publique ; pour sécuriser la frontière et freiner la contrebande, qui ne cesse de priver l’État de ressources dont elle a besoin pour fournir des services de base à la population. 2) Le gouvernement renforcera les mesures préconisées pour sécuriser le droit à la propriété privée. Cette politique interpelle tous les Haïtiens, surtout ceux qui ont pour devoir de protéger les vies et les biens des citoyens. Le seul obstacle à la garantie de la propriété privée est la faiblesse de l’État, à tous les niveaux, appelant la responsabilité du Gouvernement, des législateurs, des avocats, des notaires, arpenteurs, policiers et autres acteurs du système judiciaire. Le programme de gouvernance de cette année et pour le reste de mon quinquennat est ambitieux. Il requiert la participation de tous. Il mise sur le sens du devoir patriotique, le dialogue politique et social continu, le partenariat public-privé, plus d’équité et plus de justice sociale, dont la reconnaissance des droits, ainsi que des devoirs du citoyen pour que Notre Pays devienne une destination d’investissement. Haïti, un pays qui innove, un pays dont les leaders assument leurs responsabilités pour son développement. C’est le pari que tous, ensemble, dans l’unité nationale, mettant en valeur l’ingéniosité, la créativité, le courage, la bravoure et l’intelligence de notre Peuple, 214 ans après l’indépendance politique, nous continuerons à concrétiser en 2018.
Le Président Moïse présente l’état de la nation
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