Le secteur des affaires de plus en plus inquiet pour l’avenir d’Haïti.

Le secteur patronal dit redouter une aggravation de la situation générale du pays. Cette préoccupation est également exprimée par la société civile, la classe politique, les églises catholique et protestante. “Le pays va mal , la situation sent mauvais” disait un haut responsable politique pour dénoncer le chaos qui y régnait au début des années 1990 . Aujourd’hui, le peuple semble revivre, à quelque différence près, la même situation. Un climat politique explosif, une peur généralisée renforcée par la formule “tolérance zéro”, une société qui perd toutes ses valeurs morales, une économie fragilisée par le blocage de l’aide internationale. Le gouvernement , gêné aux entournures , parle d’embargo économique ou encore de « terrorisme économique » et proteste également contre ce qu’il appelle “l’ingérence” de certains représentants de la communauté internationale dans les affaires internes du pays. Parallèlement, les autorités en place dénoncent des complots visant à destabiliser le régime de Jean Bertrand Aristide. Et lavalas croit que la souveraineté du pays est aujourd’hui menacée de l’intérieur comme de l’extérieur. Toutefois, pour de nombreux observateurs politiques , la principale menace pour la souveraineté du pays reste la dépendance de l’Etat par rapport à l’international. A défaut de l’assistance étrangère justement, le gouvernement se retrouve dans ses petits souliers ne pouvant matérialiser les promesses faites dans le livre blanc lavalas . Le fameux slogan “2001 ap bon tout bon” s’est heurté à une toute autre réalité. En lieu et place d’une amélioration des conditions socio-économiques de la population, les analystes économiques notent une augmentation de la misère et à un affaiblissement du secteur des affaires. Selon le président de la Chambre Haitiano-Américaine de Commerce et d’Industrie (HAMCHAM) , René Max Auguste, les exportations manufacturières ont chuté de moitié. Ce qui serait , selon le responsable de la HAMCHAM, l’un des indicateurs de l’augmentation du taux de chômage et de la paupérisation de la population . Le dirigeant de la HAMCHAM a fait état d’une journée de réflexion organisée par des hommes d’affaires où ils ont constaté que le pays était au bord de l’abîme en raison du manque de responsabilité des décideurs, de l’entêtement des principaux protagonistes et de la naïveté du citoyen haïtien qui aujourd’hui a plutôt tendance à se laver les mains comme Ponce Pilate. René Max Auguste appelle les protagonistes à mettre un terme aux conflits politiques pour enfin entamer le processus de la mordernité pour un pays prospère. Cette prospérité à laquelle aspire le peuple haïtien n’est sans doute pas pour un proche avenir compte tenu de la complexité de la situation générale du pays, font remarquer certains observateurs . Outre la crise politique, la dégradation accélérée de l’environnement réduisant à néant la production agricole est le plus grand mal qui ne peut attendre trop longtemps encore pour être soigné. Entre temps, le déséquilibre entre la croissance économique et la croissance de la population devient plus sévère. Les experts disent s’attendre à une explosion démographique dans les prochaines années. Beaucoup plus de personnes à vivre sur ce petit territoire de 27.000 km2, beaucoup plus de problèmes de santé, d’éducation, de logement et d’eau potable…

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