La troupe de théâtre forum proposant le spectacle « 32 ans après » s’est rendue à Jérémie et Jacmel à la rencontre des écoliers et des étudiants pour aborder la question de la mémoire de la dictature des Duvalier. Suite à la représentation de courtes saynètes, inspirées d’événements réels sous la dictature, le « Joker » a animé les débats avec le public. A Jérémie, la troupe a été accueillie au Lycée congréganiste Saint Luc ; à l’Académie HSMS ; au collège Jean Wesley ; à l’école Frère Paulin ; à l’Institution Pierre Toussaint ; et à l’Alliance française. A Jacmel, à l’Institution Madeleine Morano ; au Lycée Célia Lamour ; au Lycée congréganiste St Luc ; à collège Vie de France ; à l’Université Notre Dame ; et à l’Alliance française. Les débats, avec des publics toujours différents, sont d’une richesse constante, certains jeunes découvrant la violence du régime Duvalier, d’autres plus avertis, retraçant avec le « joker » certains pans de l’histoire de la dictature. Au lycée congréganiste St Luc de Jérémie, un élève, citant sans le savoir le préambule de la Déclaration Universelle des droits humains, évoque le droit des peuples à se révolter contre les pouvoirs tyranniques. Au collège Vie de France, une élève en classe de rhéto cite Montesquieu pour comparer le régime des Duvalier à un régime despotique. Une autre encore, après avoir vu la saynète « Fatra jiridik », constate l’absence d’Etat de droit et le déséquilibre des pouvoirs : « Menm si yo gen relasyon youn avèk lot, yo pa ta dwe enfliyanse par oken nan lòt pouvwa yo ». Si leurs capacités à analyser les saynètes sont indéniables, pour beaucoup, c’est l’occasion de découvrir une histoire dont ils ignoraient les contours. A Jacmel, une représentante d’Avocats Sans Frontières Canada est intervenue à la fin de quelques séances pour parler du procès contre Duvalier et de la lutte menée par le Collectif Contre l’Impunité pour que justice soit faite. Les jeunes ont pu découvrir la décision historique de la Cour d’appel de Port-au-Prince, reconnaissant que les crimes contre l’humanité, interdits en droit international, doivent être également sanctionnés dans le droit haïtien, et concluant qu’Haïti a l’obligation d’enquêter et de punir toute personne responsable de crimes contre l’humanité. Une jeune s’est exclamée, faisant le parallèle avec l’affaire Petrocaribe : « Est-ce que c’est un signal d’espoir que justice peut être faite à l’intérieur du pays sans l’entremise de l’international ? ». Un travail que les établissements d’accueil ont qualifié de « difficile », « rare » et « nécessaire », mené par 6 jeunes engagés. La tournée se terminera à Port-au-Prince début novembre. EJ/Radio Métropole Haïti
Le théâtre forum continue sa tournée
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