Très affaiblie par une longue crise politique affectant le pays depuis plusieurs années déjà, l’économie haïtienne fait face de nos jours à une situation financière très délicate causant ainsi de sérieux problèmes pour les agents économiques. Privé du support financier international en raison de la crise causée par les dernières élections législatives du 21 mai 2000, le gouvernement est obligé de faire appel de manière continue à la Banque de la République d’Haïti pour financer l’important déficit budgétaire enregistré au cours des trois premiers trimestres de l’exercice fiscal 2000-01. Les responsables financiers ont rencontré depuis le début de l’exercice fiscal beaucoup de difficultés pour mobiliser les ressources nécessaires afin de satisfaire les multiples besoins de la poplulation. En fait, sur l’ensemble des neuf premiers mois de l’exercice fiscal 2000-01, les recettes totales de l’Etat haïtien ont atteint le niveau de 4 milliards 759 millions de gourdes durant la période octobre 2000 – juin 2001 alors que les autorités avaient prévu un montant de 6 milliards 143 millions au niveau du programme financier élaboré en début d’année par le gouvernement de concert avec le Fonds Monétaire International (FMI). Ceci constitue un manque à gagner de 1 milliard 384 millions de gourdes. Les recettes internes composées de postes comme Impôt sur le revenu, Droits d’accise, Taxe sur le Chiffre d’Affaire (TCA), et Autres Taxes collectés dans la capitale haïtienne et des recettes internes de province, ont atteint le niveau de 3 milliards 348 millions de gourdes durant les neuf premiers mois de l’exercice fiscal en cours alors que le programme prévoyait 4 milliards 511 millions, soit un déficit de plus de 1 milliard. Quant aux recettes douanières, elles sont estimées à 1 milliard 252 millions de gourdes durant la même période, soit 230 millions en-deça des prévisions des autorités fiscales. Des analystes de l’économie haïtienne attribuent la faiblesse des recettes publiques au net realentissement des activités et à la diminution substantielle des fonds provenant de sources externes tant sous forme bilatérale que multilatérale. En dépit de la faiblesse des recettes publiques, les autorités haïtiennes ont maintenu un niveau de dépenses assez élevé durant les trois premiers trimestres de l’exercice fiscal 2000-01. En fait, sur l’ensemble des 9 premiers mois de l’exercice fiscal 2000-01, les dépenses ont atteint le niveau de 6 milliards 398 millions de gourdes alors que les autorités avaient prévu 6 milliards de 705 millions. Les dépenses courantes estimées à 5 milliards 191 millions de gourdes ont dépassé le niveau prévu dans le programme financier de près de 100 millions de gourdes. Quant aux dépenses d’investissement qui représentent moins de 20 % des dépenses totales, elles ont atteint le niveau de 1 milliard 207 millions de gourdes alors que l’on avait prévu 1 milliard 610 millions. L’important écart qui s’est creusé entre les recettes et les dépenses publiques au cours des 9 premiers mois de l’exercice fiscal actuel, a donné lieu à un déficit budgétaire de plus de 2 milliards de gourdes. A noter que le programme financier du gouvernement prévoyait un déficit de 1 milliard 828 milllions de gourdes pour l’ensemble de l’exercice fiscal 2000-01. Privé du support budgétaire international en raison de la crise politique, les autorités financières ont eu à utiliser de manière très fréquente le financement de la banque centrale pour faire face à leurs engagements. Ce financement a déjà atteint le niveau de 1 milliard 828 millions de gourdes au cours des 9 premiers mois de l’exercice alors que les autorités avaient prévu un financement de moins de 1 milliard, soit 750 millions de gourdes. L’utilisation à outrance de la planche à billets à l’Institut d’Emission pour financer le déficit budgétaire, a donné lieu à une nette augmentation de la masse monétaire causant ainsi des pressions sur le marché haïtien des changes. Une telle situation devrait alimenter les pressions inflationnistes dans l’économie haïtienne au cours des prochains mois. A noter que le taux d’inflation, au cours des 9 premiers mois de l’exercice fiscal, a accusé une moyenne de 17.6 % alors que le programme prévoit une moyenne de 13.3 % sur l’ensemble de l’exercice fiscal. Kesner Pharel – Economiste – Radio Métropole – kfpharel@hotmail.com
L’économie haïtienne fait face à une situation financière critique à la fin de l’exercice fiscal 2000-01
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