La Hiérarchie Catholique est très préoccupée par la situation qui prévaut dans le pays depuis l’attaque sanglante des partisans armés du Président Aristide sur l’Université , le 5 décembre dernier. Dans une résolution , les évêques font le retrait de leur plan du 21 novembre et soutiennent que le climat de violence actuel contraste avec l’appel au dialogue et la paix lancé par le Pouvoir. Réunis en assemblée extraordinaire au Cap-Haïtien, le dimanche 18 janvier 2004, les évêques affirment qu’ils ont réflechi sur les réalités du pays et « se sont laissés interpellés par le drame que vit le peuple haïtien aujourd’hui » . « Il est évident que la situation qui prévaut actuellement en Haïti se détériore chaque jour davantage, les différentes composantes de la société doivent exprimer librement leurs profondes inquiétudes », écrivent ces évêques dans un communiqué. « L’Eglise Catholique qui se fait l’écho des joies et des peines, des souffrances et des angoisses des humains particulièrement des plus faibles, s’ est toujours engagée en Haïti à accompagner le peuple », poursuit le texte. « L’Eglise avait de bonne foi présenté à la nation le 21 novembre 2003 une proposition conjoncturelle de sortie de crise. Malheureusement depuis le 5 décembre 2003, nous assistons à une escalade de la violence, une insécurité croissante qui ont créé une situation intenable dans le pays au point que des secteurs invités à participer à la recherche de solution refuse maintenant de prendre part à toutes négociations », soulignent les signataires du communiqué. Ils déclarent noter que des états de la communauté internationale ont même jugé bon de faire leur la proposition du 21 novembre 2003 pour exprimer leurs propres attentes. Dans l’intervalle,continue la Hiérarchie Catholique, des évènements encore plus graves tels que les violences exercées sur des enfants, des étudiants et les multiples attaques brutales des bandes armées contre des manifestants causant la mort ont été enregistrés . Préoccupés , les évêques haïtiens déplorent le fait que des gangs armés intègrent dans leur rang des mineurs pour intimider la population. L’Eglise Catholique dénonce également les arrestations arbitraires et la répression exercée contre les médias dont les émetteurs ont été saccagés récemment . Ces faits déplorables ont provoqué l’indignation et laissent planer dans l’esprit de beaucoup de doute sur la volonté réelle du pouvoir de rechercher une entente, soulignent les signataires du communiqué. « On ne prône pas sincèrement la paix en tolérant la perpétration de tels actes contre les personnes et la propriété privée ». Le texte continue : « Dans sa mission d’accompagnement du peuple, à l’écoute des protestations contre les abus du pouvoir et du refus exprimé contre son propre message en raison du contexte qui a changé, l’église prend acte de la difficulté à appliquer sa proposition telle qu’ elle a été formulée le 21 novembre 2003 ». Dans ce cadre , l’Eglise invite les protagonistes à faire preuve de patriotisme .« Nous croyons sincèrement qu’il est encore temps pour chaque acteur de prendre une décision personnelle courageuse et patriotique de nature à éviter au pays une catastrophe irréparable en cette année du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti », estiment les auteurs du communiqué. Toujours désireuse d’accompagner le peuple, l’Eglise Catholique se dit prête à tout échange constructif pouvant conduire à un changement en profondeur au bénéfice du peuple haitien . La proposition du 21 novembre 2003 prévoyait la formation d’un comité de sages chargé d’encadrer le Président Aristide au départ du Parlement et la constitution d’un conseil électoral avec la présence de l’Opposition. Ce plan avait reçu l’appui de M. Aristide , des Etats-Unis et de la France mais a été jugé dépassé par l’Opposition et la Société Civile de même que certains évêques. Dans ce cadre , le vice-président de la Conférence Episcopale , Guire Poulard, s’est ouvertement prononcé en faveur de la démission de M.Aristide . Récemment , un autre évêque , Pierre André Dumas, a célébré une messe politique et donné sa bénédiction à une marche de la Plate-forme Démocratique , regroupement d ‘organisations de l’Opposition , de la Société Civile et d’étudiants, qui vient de publier un plan de sortie de crise . Ce plan prévoit la démission de M.Aristide et son remplacement par un gouvernement d’union nationale. La nouvelle position de l’Eglise survient au moment où se tient , ce mardi 20 janvier, une importante rencontre à Bahamas entre l’Opposition haïtienne , la Société Civile , le secteur privé et la CARICOM sur la crise politique qui frappe le pays depuis plus de trois (3) ans.
L’Eglise retire sa proposition de sortie de crise, dénonce l’augmentation de la violence et réclame des protagonistes une décision personnelle et patriotique
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