L’ÉMISSION MÉTROPOLIS : 6 février 2000 – 6 février 2010 – 10 ANS SUR LES ONDES !

Ce 6 février 2010 marque le 10e anniversaire de Métropolis sur les ondes de Radio Métropole. Aussi, malgré la profonde douleur qui nous afflige tous, dois-je en profiter pour remercier de tout cœur la direction de Radio Métropole, en particulier son PDG Richard Widmaier qui m’a offert une collaboration extraordinaire, sans jamais me censurer même dans les moments les plus difficiles. J’ai décidé de lancer cette émission, le 6 février 2000, sur les ondes de Métropole parce que je savais que le pays allait plonger dans la dictature. Métropolis allait avoir comme but de réveiller les consciences en osant dire ce que les autres journalistes haïtiens n’osaient pas encore dire sous le second mandat de Jean-Bertrand Aristide. C’est ainsi que sont nés les Grands dossiers de Métropolis, dont les trois tomes ont connu le succès que l’on sait. Ces Grands dossiers offraient à l’écrit mes réflexions sur l’histoire immédiate et inachevée, c’est-à-dire mon analyse de la conjoncture sociopolitique du pays. À l’époque, Jean Robert Argant, de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti, avait qualifié Métropolis de «baromètre de la conjoncture haïtienne ». Ces Grands dossiers étaient surtout dédiés à la jeunesse haïtienne qui les a accueillis à bras ouverts. Aujourd’hui, je suis particulièrement heureuse de savoir que ces écrits sont étudiés dans les universités haïtiennes, car les paroles s’envolent mais les écrits restent. Il me semble qu’ils ont apporté une marque différente dans l’histoire de la radiodiffusion en Haïti.Métropolis c’est aussi des moments très dangereux dans ma vie : menaces des chimères, de gangs, de trafiquants de drogue, de certains barons du secteur privé sur lesquels j’ai enquêté et qui ont essayé, en vain, de m’intimider ainsi que la direction de Radio Métropole. Là encore, la famille Widmaier était à mes côtés pour m’encadrer et me défendre. Les multiples menaces de mort et de kidnapping -parce que j’osais investiguer et rendre public les résultats de ces enquêtes- m’ont forcée à quitter le pays en 2005… mais pas à abandonner le micro. Je poursuis mon travail depuis Montréal grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Selon le public de Métropolis, cette distance, loin de déstabiliser l’émission, l’a enrichie en créant des ponts et transferts de connaissances entre Montréal et Haïti avec la plupart des meilleurs cerveaux et compétences de la diaspora haïtienne. Dans un pays où, selon la Banque Mondiale, 83% des cadres se sont expatriés, Métropolis a pris une autre dimension qui sera un outil capital dans la reconstruction d’Haïti suite au séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Il faut que les médias donnent le micro à des voix intelligentes au discours structuré, innovateur, inspirant et constructif pour lancer finalement le pays sur la voie de la modernité. Je refuse d’épouser la tendance sensationnaliste et l’attitude de « stars » que certains journalistes affichent en Haïti pour se rendre populaires. Métropolis doit rester une référence dans la recherche de l’information avec ces dossiers bien étoffés, son honnêteté, même si, et surtout, quand elle dérange. Il faut bousculer nos tabous, oser dire la vérité dans une Haïti de mensonge et démontrer la nécessité de parler de la gestion du politique dans un pays où les autorités font juste de la politique. Tout ceci, au-delà de l’information, fait partie de l’éducation qui doit être véhiculée à travers les ondes dans un pays où 70% de la population est analphabète et priorise la radio comme médium privilégié. Ce n’est qu’à ce prix qu’on pourra rêver de construire une nouvelle Haïti basée sur le respect des droits, la justice, l’inclusion sociale et l’honnêteté. Métropolis est aussi un travail d’équipe et je tiens particulièrement à saluer mon fidèle opérateur Claude Innocent ainsi qu’Eddy Jazzyl et, récemment, Roland Dupoux pour les téléchargements par ftp. Merci aux sponsors de Métropolis pour leur soutien infaillible pendant des années, en particulier Haytrac, Épi d’or, la Maison Deschamps, Comcel / Voilà et plus récemment Haïnet et Auto Plaza. Merci à mes nombreux et prestigieux invité(e)s dont la liste s’étend de la Gouverneure Générale du Canada jusqu’aux petits paysans rencontrés dans les fonds des provinces haïtiennes en passant par des politiciens courageux et les éminents professeurs et scientifiques à Montréal. Je salue leur participation qui a fait la différence sur Métropolis.Mes remerciements les plus chaleureux au public de Métropolis tant en Haïti que dans le reste du monde qui suit religieusement l’émission sur http://www.metropolis.metropolehaiti.com/. C’est ce public qui m’a aussi soutenue pendant ces dix dernières années et ceci m’a souvent donné le courage de poursuivre une tâche difficile et qui se révèle souvent solitaire. Le journalisme est un sacerdoce en Haïti mais c’est aussi ma vocation et je suis plus que jamais passionnée par mon travail pour toujours servir mon public et mon pays, Haïti chérie, envers et contre tout.Toute ma gratitude à ma mère pour son support inconditionnel durant ces 10 années et qui m’a toujours encouragée à poursuivre ce qu’elle appelle « ma mission ».Merci à Dieu pour sa protection pendant ces années parfois dangereuses et de m’avoir aussi sauvée d’une crise cardiaque derrière mon ordinateur en mars 2007.Merci à vous toutes et à vous tous pour votre support indéfectible et cette longue route partagée à travers les ondes de Radio Métropole !En toute sincérité,Nancy Roc, Montréal, le 6 février 2010.

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