Les critiques du Pouvoir contre la presse se multiplient

Après les membres d’Organisations Populaires (OP) Lavalas suivis des parlementaires contestés et relayés par des prêtres, c’est au tour du Chef du gouvernement de tenter de faire la leçon aux journalistes sur fond d’avertissement. Ces remarques désobligeantes à l’endroit de la presse sont soulignées à un moment où Reporters Sans Frontière (RSF) vient de rendre public son rapport annuel dans lequel Haïti est classé à la 106ème position sur 139 pays. A la lumière des derniers évènements enregistrés dans le pays, RSF a indiqué dans le document que les journalistes haïtiens sont victimes de milices dont les agissements sont couverts par le gouvernement. Pour cause, l’inquiétude est grandissante quand les menaces proviennent des membres d’OP lavalas, des chaires de l’Eglise Catholique avant de gagner les rangs des officiels du gouvernement. L’exemple du père Fritz Sauvagère, curé de Léogane , le 23 août dernier, est évocateur de cette situation d’intolérance vis-à-vis de la presse. Le correspondant de radio Vision 2000, Peterson Milord, sur ordre du Curé a été chassé de l’Eglise par des agents du Palais National. La scène s’est déroulée en présence du président de la République. Plus près de nous, le 17 octobre, le curé de Marchand Dessalines, toujours en présence du président Jean Bertrand Aristide, s’est laissé aller dans un message virulent. Le père Léobert Dieudonné est allé jusqu’à faire savoir que les membres de la presse ont comme objectif le mensonge pour l’obtention d’un visa. Qu’il s’agisse du père Sauvagère ou du père Dieudonné, cet excès de zèle, en présence du chef de l’Etat, peut s’expliquer par le sentiment de d’être au dessus de la loi ou encore de rassurer le Président qui fait l’objet de critiques de la part de ses opposants. Mais quand c’est le secrétaire d’Etat à la Communication , partenaire privilégié de la presse en matière de source d’information officielle, qui le dit, il y a de quoi s’inquiéter. Mario Dupuy a lui aussi abondé dans le sens du père Léobert Dieudonné tout en relativisant. Et pour enfoncer le clou, à l’occasion d’une rencontre sur les élections tenue à la Primature ( siège du gouvernement) le mardi 21 octobre, le chef du gouvernement Yvon Neptune n’y est pas allé avec le dos de la cuillère dans ses remarques sur la presse haïtienne. Dans sa mise en garde aux journalistes, le premier ministre haïtien a souligné que la presse se doit de rapporter les faits suivant la température réelle du thermomètre.M. Neptune a semblé insinuer que la presse ne rapportait pas fidèlement les faits. Le moins que l’on puisse dire, les journalistes indépendants n’ont qu’à bien se tenir.

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