Les juteux trafics de Jean-Bertrand Aristide ( Le Figaro)

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L’EX-PRÉSIDENT AURAIT ACCUMULÉ DE 200 À 800 MILLIONS DE DOLLARS Soupçonné par les États-Unis d’être l’ex-parrain de la cocaïne en Haïti, Jean-Bertrand Aristide n’a toujours pas été formellement inculpé par la justice américaine. En février, la chute du président haïtien a pourtant ouvert la chasse aux gros bonnets de la drogue. Parmi ces « druglords » mis hors d’état de nuire figurent Oriel Jean, l’ancien chef de la sécurité d’Aristide, qui tenait l’aéroport et fixait à 10% le montant de sa dîme sur les sacs de poudre blanche en transit, ou le sénateur Faurel Célestin, potentat de la petite ville côtière de Jacmel où accostaient les voiliers de la coke. Emprisonnés à Miami, certains membres du premier cercle d’Aristide sont passés à table en espérant obtenir la mansuétude des tribunaux. Selon les estimations de la Drug Enforcement Agency (DEA), 15% de la cocaïne des cartels colombiens consommée sur le territoire américain passaient par Haïti. Pourquoi des poursuites ne sont-elles pas lancées contre Aristide ? Washington ménage-t-il l’ancien autocrate pour ne pas en faire aux yeux d’une partie des Haïtiens un martyr ou plus prosaïquement pour protéger les soutiens américains dont il bénéficiait ? La justice américaine avance un manque de preuves pour justifier ses atermoiements. Accusé d’assassinats par les organisations des droits de l’homme, Aristide pourrait tomber comme Al Capone pour de simples délits financiers. C’est que de 1994 à 2004 Aristide aurait accumulé et expédié vers des comptes bancaires à l’étranger, une fortune chiffrée entre 200 et 800 millions de dollars. Selon des documents que Le Figaro a pu consulter, le président Aristide avait privatisé les caisses de l’État. Il puisait dans les finances publiques comme dans une cassette personnelle. Entre 2000 et 2004, les créances douteuses portent sur plusieurs dizaines de millions de dollars. Le simple examen des transactions du secrétariat privé de la présidence durant l’année 2002 laisse paraître de nombreuses irrégularités et malversations. Cette année-là, Aristide a fait virer le 29 novembre sur l’un de ses comptes dépôts (CPT 306 338) la somme de 500 000 dollars. Sur ses ordres, son bureau a procédé à de multiples versements à des prête-noms. Des chèques d’un montant de 338 000 dollars sont adressés à Oriel Jean. L’argent coule à flots vers des sociétés écrans basées à Miami, des fondations et des organisations de la mouvance Lavalas. Des paiements en cash sont octroyés via la Banque populaire haïtienne à des proches. Une enquête est en cours pour confondre les destinataires des prébendes. Le dossier va être prochainement transmis au parquet. Thierry Oberlé, Le Figaro,21 décembre 2004

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