Intervenant le dimanche 16 septembre dernier au Magazine Economique de Radio Métropole, le Gouverneur Adjoint du nouveau conseil d’administration de la Banque de la République d’Haïti, M. Hancy Pierre-Louis, n’a pas écarté la possibilité d’un renversement de tendance au niveau de la politique monétaire de la banque centrale. Il importe de rappeler que le précédent conseil avait appliqué une politique monétaire très restrictive au cours des deux dernières années afin d’éviter un dérapage du dollar US par rapport à la gourde haïtienne ainsi que l’émergence des pressions inflationnistes dans l’économie haïtienne. A noter que l’Institut d’Emission a été grandement sollicité durant cette période par les autorités fiscales pour le financement du déficit budgétaire qui a atteint des niveaux records. Analysant la situation monétaire et financière du pays, le numéro 2 de la banque centrale a reconnu que les taux d’intérêt, au moins sur le plan nominal, se retrouvent actuellement à un niveau assez élevé. En fait, le taux de base bancaire qui représente le taux chargé par les banques commerciales pour les crédits en gourdes à leurs meilleurs clients, évolue autour de 30% tandis que ceux en dollars US autour de 15%. M. Pierre-Louis a expliqué que le taux d’inflation, calculé en rythme annuel, a chuté au cours des derniers mois par rapport aux niveaux atteints à la fin de l’année 2000. Le taux d’inflation a atteint au cours du mois de juillet 2001 le niveau de 16.00% % contre 19.00% en décembre 2000. La baisse des pressions inflationnistes enregistrée durant cette période devrait permettre, semble-t-il, aux autorités monétaires de réduire les principaux taux directeurs de la banque centrale afin de faciliter l’octroi du crédit par les banques commerciales. Il convient de préciser que les taux sur les bons BRH sont fixés actuellement à des niveaux records au niveau du système bancaire, soit plus de 25% pour l’échéance la plus longue (91 jours). Ces bons qui représentent des titres cédés aux banques commerciales par la banque centrale, sont utilisés de nos jours comme l’un des principaux instruments de la politique monétaire de la Banque de la République d’Haïti. Quant aux taux sur les réserves obligatoires, ils ont été fixés à 31% tant sur les dépôts en gourdes que les dépôts en dollars US dans les banques commerciales. M. Pierre-Louis a indiqué que les mesures qui seront adoptées par les autorités monétaires, seront réalisées en coordination avec le Ministère de l’Economie et des Finances. Les autorités fiscales s’engageront ainsi à appliquer une plus grande discipline fiscale afin de réduire le déficit budgétaire, ce qui diminuera la demande de monnaie de la part des responsables fiscaux. A noter que l’important déséquilibre fiscal enregistré par le gouvernement au cours des dernières années a été financé presque exclusivement par la banque centrale. Ceci a donné lieu à une diminution de l’offre monétaire du côté banques commerciales et provoquant ainsi une nette hausse des taux d’intérêt sur les prêts dans le système bancaire. Pour expliquer la nécessité d’une baisse des taux d’intérêt afin de relancer l’économie haïtienne, le Gouverneur Adjoint a révélé que la croissance économique sera nulle ou négative pour l’exercice fiscal 2000-01. Des analystes locaux estiment toutefois que la relance ne sera pas facile avec l’environnement politique et économique arguant que la diminution des taux d’intérêt n’est pas une condition suffisante. Certains experts croient qu’un relâchement de l’étau monétaire conduirait à une dépréciation continue de la gourde haïtienne par rapport au dollar US et à des pressions inflationnistes dans l’économie haïtienne. Kesner Pharel -Economiste – kfpharel@hotmail.com
Les nouveaux responsables de la banque centrale souhaitent un relâchement de l’étau monétaire
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