L’état civil et la migration au cœur d’un atelier à Belladère

306

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a organisé, le mardi 24 janvier 2017, un atelier d’échanges autour du thème « Migration et état civil: cas des migrants haïtiens en République Dominicaine ». Réuni-e-s dans les locaux de l’institution, plusieurs représentant-e-s d’organisations communautaires et partenaires, de droits humains et surtout des entités publiques concernées par la question d’état civil ont pris part à cette activité. Anghie Lee Gardy Petit, officière de projet au GARR, a dressé un panorama sombre de l’état civil en Haïti. En effet, ce système ne permet pas vraiment à tous les enfants d’avoir leur acte à la naissance. Le manque de priorité accordée à ce secteur explique bien aujourd’hui son état défaillant. L’inaccessibilité des bureaux d’état civil et le manque de matériels pour offrir un service adéquat, l’irresponsabilité des autorités compétentes, ajouté à tout cela le manque de sensibilisation de la population sur l’importance des documents d’état civil sont entre autres des problèmes qui paralysent le système, a expliqué Anghie Lee Gardy. Elle a cité en exemple le dysfonctionnement du service d’inspection et de contrôle de l’état civil qui n’encadre pas réellement les 15 inspecteurs affectés à ce service pour accomplir leur travail. Mme Petit a aussi déploré le fait qu’aujourd’hui plusieurs milliers d’Haïtiens et d’Haïtiennes dans le pays n’ont pas pu avoir accès à leur acte de naissance, sans compter ceux et celles de l’extérieur qui sont confrontés à la même situation. « Selon les données de l’OIM compilées en partenariat avec le GARR et d’autres organisations qui travaillent dans le domaine de la migration, sur un total de 162 452 personnes qui ont traversé la frontière de juin 2015 à décembre 2016, 106 872 ont déclaré n’avoir aucun document. », a-t-elle avancé. D’un autre côté, l’officière de projet du GARR a indiqué que la violation du droit à l’identité a de graves conséquences sur la vie des citoyens et citoyennes. Car, ce droit, une fois violé, prive l’individu de la jouissance d’autres droits, notamment les droits civils et politiques. Certains compatriotes ont du mal à se marier, à se porter candidat ou à se procurer leur passeport, leur carte d’identification nationale, le fait qu’ils n’aient pas d’acte de naissance, a-t-elle précisé. Ces défaillances du système d’état civil haïtien affectent grandement les migrant-e-s haïtiens. Et malheureusement, les gouvernements du pays ne semblent pas avoir conscience de cela. Le Programme d’Identification et de Documentation des Immigrants Haïtiens (PIDIH) établi en juillet 2014 par l’Etat haïtien en est la preuve. C’est l’avis de Rigard Orbé, responsable de plaidoyer dans le cadre du projet Economie informelle du GARR, qui intervenait en la circonstance. Tout en établissant le lien qui existe entre le PIDIH et le Plan National de Régularisation des Etrangers (PNRE), M. Orbé a déclaré que la mauvaise gestion dudit programme a provoqué son échec. Sur les 300 000 migrants haïtiens visés par le PIDIH, seulement 2 000 ont pu obtenir leur passeport, 12 000 leur Carte d’Identification Nationale (CIN), 20 000 leur acte de naissance et 8 748 leurs extraits des archives. Les participant-e-s ont réfléchi en atelier sur les obstacles liés à l’état civil pour le migrant rapatrié qui désire régulariser sa situation. Aux termes de l’activité, les représentant-e-s de chaque secteur ont pris l’engagement de sensibiliser les membres de leur communauté sur l’importance des documents d’identité afin qu’ils puissent exiger des autorités haïtiennes la réforme du système d’état civil du pays. Cette activité a été possible grâce au support financier de l’Ambassade britannique en Haïti via un partenariat avec Christian Aid.

Publicité