L’ex-président haïtien Aristide affirme qu’il ne restera que « provisoirement » en Afrique du Sud

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Prenant la parole peu avant de quitter la Jamaïque, le président déchu d’Haïti Jean-Bertrand Aristide a déclaré, le dimanche 30 mai 2004, que l’Afrique du Sud ne serait que sa « demeure provisoire », jusqu’à ce qu’il puisse rentrer dans son pays. Sans fixer de date pour un éventuel retour, il s’est qualifié de « président élu » d’Haïti, et a exhorté ses partisans à éviter la violence. « La situation en Haïti doit être normale. La paix doit être restaurée via l’ordre démocratique », a-t-il dit avant de monter dans l’avion, accompagné de sa famille et de sa garde rapprochée. Auparavant, le principal parti d’opposition sud-africain avait protesté contre l’arrivée imminente du président déchu, qualifiant d' »erreur » la décision de lui accorder un asile provisoire et s’interrogeant sur le coût de l’opération pour le contribuable.Le président sud-africain Thabo Mbeki accueillera Aristide personnellement lundi à l’aéroport de Johannesburg. « Les Sud-Africains ordinaires ne peuvent comprendre pourquoi ils doivent payer pour installer l’ancien dirigeant haïtien et sa délégation. M. Aristide devrait rentrer chez lui », a déclaré le député Douglas Gibson, porte-parole pour les affaires étrangères de l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition. Aristide, qui avait fui Haïti le 29 février avec sa femme Mildred, s’est d’abord retrouvé en République centrafricaine, puis en Jamaïque le 15 mars, où le couple a rejoint ses deux jeunes filles. Un retour dans les Caraïbes qui a mécontenté le nouveau gouvernement provisoire haïtien, jusqu’à ce que, le 13 mai, l’Afrique du Sud accepte de lui fournir un asile temporaire. L’ancien président haïtien vivra sous haute sécurité à Pretoria, aux frais du gouvernement sud-africain, ce qui mécontente l’opposition. « Nous avons besoin de savoir si d’autres pays aideront à financer son séjour, ou si le contribuable sud-africain se retrouvera avec la facture », a ajouté M. Gibson, estimant que les ressources du gouvernement pourraient être bien mieux employées à d’autres crises, plus proches, comme le Zimbabwe ou le Soudan, sans compter la lutte contre la pauvreté en Afrique du Sud même. A son arrivée, M. Aristide a été accueilli, ce lundi 31 mai, par le président sud-africain, Thabo Mbeki qui lui avait fourni des armes pour mater une vaste contestation populaire accompagnée d’un mouvement armé. Ces armes n’ont pas pu atteindre le territoire haïtien et sont arrivées à la Jamaïque, le 29 février, le jour du départ d’Aristide pour l’exil après sa démission, la veille. AP, Radio Métropole.

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