L’interdiction de Brothers Posse au carnaval : une grave violation au droit à la liberté d’expression selon le RNDDH

Dans une correspondance adressée ce mardi à la Ministre de la culture, Josette Darguste, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), se dit préoccupé par la décision du pouvoir central, d’interdire la participation au défilé carnavalesque, des groupes musicaux qui ne sont pas en odeur de sainteté avec le chef de l’Etat. Le carnaval est une fête populaire qui offre aux groupes musicaux et artistique l’opportunité de peindre, à leur manière, la réalité du pays. C’est aussi l’occasion pour la population d’encenser ou de critiquer les responsables de l’Etat, a fait valoir Pierre Esperance rappelant que dans le temps la participation des groupes musicaux au défilé carnavalesque ne dépendait pas exclusivement de l’Etat. Elle dépendait, dit-il, soit des autorités constituées, soit du secteur privé des affaires; tout dépend du mérite de la meringue proposée. Néanmoins, il n’était pas interdit toute participation aux festivités aux groupes non retenus, mais étaient invités à se joindre les moyens dans le secteur privé des affaires. Aujourd’hui les règles ont changé, a dit le directeur exécutif du RNDDH arguant le comportement du chef de l’Etat qui, selon lui, se substitue « à la place du comité chargé d’organiser le carnaval national et décide, selon ses caprices, qui peut ou non participer aux défilés. » Le RNDDH qualifie « cette nouvelle pratique d’antidémocratique » et de part son caractère intolérant et « ses proportions inimaginables », constitue « une grave violation au droit à la liberté d’expression, indispensable à la création artistique. Beaucoup de groupes sont frappés par cette mesure d’interdiction, mais le RNDDH a mis l’accent sur deux d’entre eux qui, selon l’organisation de défense des droits humains, ne flattent pas la fatuité du chef de l’Etat : Brother Passe qui est parti pour sa deuxième année d’interdiction et kampèch. En effet, ces groupes, notamment Brothers Posee, ne sont pas autorisés à prendre part à aucune activité culturelle organisée par les autorités locales ou nationales, notamment les fêtes patronales, les festivités pré-carnavalesques ou le carnaval. Brothers posse devait récemment performer au carnaval de carrefour. La Fondation Eric Jean Baptiste sponsoriserait le groupe. Alors que Don Kato a annoncé sa participation au défilé carnavalesque, peu de temps après, il est revenu sur sa déclaration et a annoncé sa non-participation. Le maire intérimaire de Carrefour, Jude Edouard, se prononçant sur le défaut de Brothers Posse au défilé carnavalesque, s’est déresponsabilisé comme Pons Pilate, affirmant que la censure du groupe émanait d’une autorité supérieure. L’Etat, souligne RNDDH, a pour obligation de créer et d’entretenir un climat favorisant la liberté d’expression artistique comme la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) le précise : « dans une société démocratique, l’Etat doit garantir une activité artistique qui dérange autant qu’elle charme » L’art, selon Farida SHAHEED, rapporteuse spéciale des Nations-Unies dans le domaine des droits culturels, constitue « un moyen important pour chaque personne ainsi que pour les groupes de personnes, de développer et d’expérimenter leur humanité, leur vision du monde et le sens qu’ils attribuent à leur existence et à leurs réalisations. » MJ/Radio Métropole

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