L’OEA admet la “ démission” d’Aristide et reconnait le nouveau régime haitien

L’Organisation des Etats Américains (OEA) a mis fin,le mardi 8 juin 2004, à Quito (Equateur), à trois mois de divisions sur la question d’Haiti avec l’adoption d’une résolution qui reconnait le gouvernement de transition et qualifie de “ démission” le “ brusque de départ” du président Jean Bertrand Aristide le 29 février . Ce document, dont l’AFP a pu se procurer , est considéré par les diplomates comme favorable au régime de Gérard Latortue , soutenu par les Etats-Unis et la France, face aux pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). La CARICOM , forte minorité au sein de l’OEA avec 15 membres sur les 34 pays , considérait jusqu’ici cette succession comme une “ atteinte à l’ordre constitutionnel”, et n’avait pas reconnu le nouveau gouvernement. L’adoption de cette résolution a provoqué d’intenses consultations en coulisse jusqu’à la clôture de la 34 ème assemblée générale de l’OEA, dotée depuis lundi d’un nouveau secrétaire général , le costaricain Miguel Angel Rodriguez , sucesseur du colombien César Gaviria. Avant son vote, et face aux divisions de l’OEA , le Brésil ,l’Argentine et le Chili avaient annoncé l’envoi “ très vite” à Haiti de leurs ministres respectifs des affaires Etrangères, Celso Amorim, Rafael Bielsa et Soledad Alvear, pour “démontrer que la crise haïtienne à une répercussion régionale”. Sur les trois principaux points de friction entre les Etats-Unis et le gouvernement Latortue d’une part , les pays de la CARICOM d’autre part, le régime actuel en Haiti a obtenu gain de cause . La résolution évoque aussi ainsi “ la démission et le brusque départ de l’ex-président d’Haiti (Jean Bertrand Aristide) et la nomination d’un gouvernement de transition exigée par la situation “, avant de constater “ qu’il s’était produit une altération du régime constitutionnel qui a commencé avant le 29 février 2004 ( date du changement de régime) et qui a bouleversé l’ordre démocratique en Haiti”. L’OEA estime donc qu’il n’y a pas eu de coup d’Etat. La seule concession à la CARICOM concerne une référence à l’article 20 de la Charte Démocratique Interaméricaine. Adopté en 2001, cet article, jamais appliqué , et que la CARICOM exigeant d’inclure dans la résolution, contre l’avis de Washington, prévoit un audit international du processus démocratique du pays concerné encas “ d’atteinte à l’ordre constitutionnel”. La résolution se limite à “ charger le Conseil Permanent de l’OEA d’entreprendre, comme le prescrit l’article 20 de la Charte Démocratique Interaméricaine, toutes les initiatives diplomatiques nécessaires, notamment les bons offices, pour encourager le rétablissement intégral de la démocratie en Haiti”. “ Il s’agit d’une bonne victoire pour la démocratie en général , et le processus engagé en Haiti en particulier, car nous avons désormais tout le monde à bord: l’ONU, l’OEA et la CARICOM grâce à ce texte commun”, a déclaré à l’AFP le chargé d’affaires d’Haiti auprès de l’OEA à Washington , Duly Brutus. La Convergence Démocratique (ex-opposition à Aristide) par la voix du professeur Micha Gaillard considère cette résolution comme la victoire du peuple haïtien tout en appelant le gouvernement Alexandre/Latortue à ne pas dormir sur ses lauriers pour réussir la transition. Jean Bertrand Aristide, réfugié en Afrique du Sud, a démissionné par lettre en date du 28 février 2004.

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