L’OEA fait part de ses limitations dans la crise haitienne

Dans le cinquième rapport du secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains (OEA) sur Haïti, César Gaviria, souligne ce qu’il appelle une situation de polarisation accentuée de plus en plus sur le plan politique tandis que le gouvernement tarde à adopter les mesures concrètes, recherchées par la Communauté Internationale. Cette polarisation accrue a sapé les efforts déployés déployés par l’OEA et ceux de la Mission Spéciale ainsi que d’autres personnes plaidant en faveur de la formation sans délai du Conseil Electoral Provisoire (CEP) de consensus assorti de sécurité requise, selon M. Gaviria. C’est en ces termes que l’OEA avoue son échec dans la mise sur pied du CEP, un des points essentiels de la Résolution 822. Et pour remonter la pente, l’organisation hémisphérique confie cette tâche aux protagonistes. Le secrétaire général de l’organisation a tenu à faire remarquer que l’OEA s’est mise en condition de pouvoir exécuter ses mandats, cependant, sa capacité à agir comme garant de force stabilisatrice pour le renforcement de la démocratie en Haïti, dépendra de façon critique à l’adoption de décisions clé par les acteurs pertinents haïtiens, spécialement le gouvernement et les entités désignant des représentants au CEP. Si la formation du Conseil Electoral est dans l’impasse, il n’en demeure pas moins que la réalité est pareille en ce qui a trait aux efforts de l’OEA pour aider à créer un climat de sécurité. Le rapport indique que les progrès sont lents et selectifs, en partie pour des raions techniques et de manque de ressources du coté haïtien, mais surtout à cause du manque de volonté politique. L’OEA réclame une volonté politique adéquate aux plus hauts échelons de l’administration haïtienne notamment en donnant des instructions appropriées à la PNH. A propos, le fonctionnement de l’institution policière donne des sueurs froides au secrétaire général de l’OEA. De la démission de l’ancien directeur Jean Robert Faveur au départ d’autres responsabilités, à la nomination du nouveau commandement en passant par la perpétration de certains crimes, la police est une source de préoccupation pour César Gaviria qui s’interroge sur la création d’un climat de sécurité dans un tel contexte. De plus, l’organisation interaméricaine questionne le laxisme du Pouvoir face aux puissantes Organisations Populaires (OP) qui bloquent systématiquement toute manifestation de l’Opposition. D’un autre côté, César Gaviria est apparemment inquiet face à la velleité de plusieurs parlementaires Lavalas d’appuyer un amendement de la Constitution pour permettre au Président Aristide de bénéficier d’un troisième mandat . Toutefois, M. Gaviria relate la déclaration du président Jean Bertrand Aristide en date du 19 septembre 2003 selon laquelle il abandonnerait la présidence à son successeur le 7 février 2006 conformément à la Constitution. Sur le plan de la violence, le rapport parait exhaustif. Ce sont des incidents troublants qui exacerbent les tensions politiques. Onze (11) personnes tuées dans des circonstances incertaines au Plateau Central dont quatre (4) employés du ministère de l’intérieur. Le rapport de l’OEA souligne que le gouvernement déclare sans produire de preuve que les tueries dans le Plateau sont l’oeuvre d’une supposée branche armée de l’Opposition. Les troubles aux Gonaïves subséquents au meurtre de Amiot Métayer sont notées dans le rapport. Jusqu’à la date de la rédaction du document, l’OEA relève six (6) semaines de violences dans la Cité de l’Indépendance vigoureusement réprimées par la Police. Bilan: treize (13) personnes tuées et de nombreuses autres blessées dans des manifestations de rues . Bref, un rapport non concluant qui dénonce les agissements des OP et des membres du gouvernement. Pendant ce temps, l’OEA loue les bons offices de sa mission en Haïti tout en étalant au grand jour ses limites.

Publicité