Loi Medina : de la jubilation à la tristesse selon Juan Bolivar Diaz

Dans un premier temps, le célèbre journaliste et commentateur dominicain Juan Bolivar Diaz salue la promulgation de la loi 169-14 – la loi Medina – qui « rend justice à un segment important de la dominicanité. Cette promulgation doit être selon lui « célébrée par tous ceux et celles qui ont fait preuve de sensibilité et de solidarité avec des dizaines de milliers de Dominicains d’ascendance haïtienne.Il faut célébrer – souligne-t-il – que l’on arrive à révoquer l’ignominie du retrait rétroactif de certificats de naissance à des dizaines de milliers de personnes qui avaient été enregistrées comme des Dominicains/Dominicaines ».Mais, il ne peut s’empêcher, dans un deuxième temps, « de changer la jubilation en tristesse ».Et il y a de quoi. La loi Medina, constate Juan Bolivar Diaz, « pénalise extrêmement le groupe le plus pauvre parmi les pauvres et les plus vulnérables qui n’ont jamais été enregistrés et auxquels on avait refusé l’enregistrement, en violation d’un droit humain fondamental ». « Cette catégorie qu’on fait passer pour des étrangers en ordonnant qu’elle soit inscrite comme tels pendant deux ans avec option de naturalisation ordinaire. Ce qui change la jubilation en tristesse. Il y aura ainsi des familles avec des enfants dominicains et étrangers en même temps ». Juan Bolivar Diaz se désole « qu’on n’ait pas obtenu une victoire totale contre la haine et la discrimination initiées en mars 2007 par la Chambre administrative de la Junte Centrale Électorale dominicaine, puis ratifiées par l’Assemblée plénière ».On ne saura jamais avec certitude – rappelle ce journaliste très respecté dans son pays – « le nombre de personnes qui étaient dépouillées, entre autres, parce que, se référant à huit décennies, plusieurs sont déjà morts, d’autres migrent à différents endroits et beaucoup d’autres encore vivent comme des exclus privés de toute documentation.Bolivar Diaz qualifie de « victoire impossible » pour le moment « en raison de la conjonction des forces politiques qui concourent dans la discrimination, l’indifférence et la grande peur qui devaient contribuer à l’endiguement de la haine et du chantage ultranationaliste ». »Bien que la Loi, soit acceptée comme une solution partielle, un compromis pour limiter l’irresponsabilité et l’intransigeance, on doit déplorer que des dizaines de milliers de personnes qui sont nées dans le pays et qui y ont vécu pendant des décennies soient considérées comme étrangers et obligées de se régulariser en tant que tels, sous menace d’expulsion ». Ce qui, d’après Juan Bolivar Diaz, constituerait « une autre ignominie grave, car elles ont leurs racines en République Dominicaine et sont protégées par le régime du jus soli jusqu’à la Constitution de 2010 ». Il rappelle que la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme l’avait déjà prescrit en 2005 dans le cas des enfants Yean et Bosico. « Les organismes internationaux de droits humains ont déjà déclaré qu’ils continueront à défendre les droits de ces personnes tout en espérant que cela deviendra un jour une réalité ». »Nul ne doit douter de la valeur fondamentale de la solidarité internationale qu’il faut féliciter et proclamer contre tout chantage nationaliste.Parce que les droits de l’homme sont universels », conclut-il.HA/radio Métropole Haïti Source : GARR

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