Louis Joinet présente son dernier rapport en tant qu’expert indépendant sur la situation en Haïti

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Louis Joinet, a présenté hier au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, son dernier rapport oral en tant qu’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti. M. Joinet qui arrive au terme du mandat de six ans a tenu à remercier les gouvernements qui lui ont constamment accordé leur confiance en renouvelant son mandat. Il a expliqué que  » pour des raisons douloureusement personnelles » qui ont endeuillé sa vie, il n’a malheureusement pas été en mesure d’effectuer son ultime mission en Haïti.Il a constaté qu’en dépit d’importants progrès, la triste réalité d’Haïti montre qu’il ne suffit pas, pour assurer le retour à un État de droit, d’organiser des élections et de se doter d’un Parlement. Il est impératif à cet égard que se forge une culture de partis politiques; or, c’est là que le bât blesse, a-t-il fait observer. Les partis s’apparentent trop souvent à des groupes, parfois des groupuscules, essentiellement électoraux, sans grande aptitude à influencer leurs membres dans les instances parlementaires. Abordant le dossier de l’amendement de la constitution, Louis Joinet s’est dit favorable tout en notant un réel verrouillage constitutionnel.Ce verrouillage constitutionnel était inspiré par un idéal visant à éviter que l’histoire douloureuse des dictatures ne se répète. Cependant, il fait remarquer que l’interdiction de la double nationalité est sans rapport avec le risque dictatorial. » L’interdiction de la double nationalité, est très mal acceptée par une grande partie de la diaspora qui se sent écartée alors qu’elle pèse démographiquement 2 millions de sujets (soit près du quart de la population) et qu’elle contribue à la survie du pays avec un transfert annuel de 1,6 milliard de dollars », ajoute M. Joinet dans son rapport.Répondant aux questions des représentants de la Slovénie, du Luxembourg, de la France, du Canada et de l’Uruguay, Louis Joinet a indiqué qu’il faudra poursuivre l’œuvre du mandat sur la situation des droits de l’homme en Haïti. Il a ajouté que l’accent devrait être mis davantage sur la promotion et la protection des droits économiques et sociaux, reconnaissant qu’il n’avait pas apporté toute l’attention voulue à cette question au cours de son mandat. » Il faut investir davantage dans les droits économiques, sociaux et culturels, comme le montrent bien les émeutes de la faim récentes », ajoute t-il. Dans le domaine de la justice, M. Joinet soutient qu’il y a des raisons d’espérer.Il cite les travaux en matière de formation des juges de paix et la mise en place du Conseil supérieur de la magistrature. » Il manque cependant la désignation d’un nouveau ministre de la justice. Un effort a en outre été consenti au sujet des conditions de détention, avec la réorganisation du Parquet. La loi sur le sursis est malheureusement toujours dans les limbes », a déploré M. Joinet, relevant par ailleurs que, dans un contexte de lutte renforcée contre la criminalité, les places libérées par les mesures contre les détentions prolongées sont immédiatement prises par de nouveaux condamnés.

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