L’allégresse était visible, le mercredi 21 janvier 2004 , au niveau des lavalassiens qui ont à nouveau manifesté en toute quiétude. Par contre, scènes de douleur chez les opposants notamment les étudiants et les enseignants syndiqués , privé une fois de plus du droit de manifestation . La loi n’est pas une pour tous . En 2004, sous le régime du Président Jean Bertrand Aristide en Haïti, quand on veut manifester une opinion, il faut montrer patte blanche. Tous les détails sont exigés, rien n’est négligé : date de la manifestation, point de ralliement, parcours et durée de la manifestation. Ces informations doivent figurer dans la correspondance de notification à la Police Nationale. Une fois la rédaction de la lettre terminée, les risques de non-recevoir demeurent grands si on omettra de mentionner son adresse complète voire un numéro de téléphone comme stipulé dans l’arrêté pris le 23 juillet 1987 par le Conseil National de gouvernement du général Henri Namphy pour mater le mouvement du groupe des 57. Madame Jocelyne Pierre, directrice a.i. de la PNH est claire dans le communiqué en date du 19 janvier 2004 dans lequel la police tenait à demander aux organisateurs de la manifestation des 19 et 21 janvier de se conformer aux prescrits de la loi. Et dans ce communiqué justement, la directrice de la PNH précisait que les signataires de la correspondance n’avaient indiqué aucune référence permettant à la police de les contacter. Mais, ces exigences contre toute attente ne sont valables que pour ceux-là qui ont choisi de nager à contre-courant du régime de M. Aristide, le régime Lavalas. En témoignent les faits marquant la journée du 21 janvier à Port-au-Prince. Quand d’un côté, diverses unités de la police nationale se sont entendues pour asphyxier les étudiants et professeurs qui voulaient manifester et de l’autre, les partisans du Pouvoir ont défilé allègrement sans s’inquiéter. Tôt dans la matinée, les policiers étaient en nombre imposant en face de la Faculté des Sciences Humaines et de l’INAGHEI pour tuer dans l’œuf la marche annoncée. La Police a indiqué qu’il n’y avait pas d’entente sur les modalités légales. Pendant des heures, aucun répit pour les étudiants, l’usage du gaz lacrymogène , on ne peut plus nocif, était massif. Il s’agissait pour la PNH de « réduire au silence et à l’inaction » les étudiants et les professeurs comme l’avait annoncé le ministre de l’éducation nationale, Camille Gouin, vingt quatre heures plus tôt. Tandis que , bien encadrés par des policiers, des milliers de lavalassiens étaient dans les rues avec au moins trois (3) chars musicaux, des véhicules de l’Etat assurant le transport de manifestants, des mégaphones, des policiers couverts par un hélicoptère affecté au service de la présidence et le décor est planté. Le droit et la licence de gagner les rues pour manifester leur sont acquis. D’autant que la toile de fond de la manifestation était le mandat de cinq (5) ans de Jean Bertrand Aristide à défendre à tout prix. Il faut le défendre sinon on aura dix ans et pourquoi pas quinze ans, ont-ils averti.
Manifestation pro et anti-Aristide : politique de deux poids deux mesures des autorités
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