Mildred Trouillot Aristide relance le débat sur la situation des enfants en domesticité

A l’initiative de la Première Dame de la République, Mildred Trouillot Aristide, les membres de la Commission Nationale de Lutte contre le Sida (CCM) se sont réunis au Palais national, le vendredi 9 mai 2003, pour mettre sur le tapis la situation des enfants en domesticité, vulnérables par rapport au VIH. Les différents participants à cette séance de travail sont unanimes à reconnaître que le phénomène des « restavèk » gagne de plus en plus de terrain en Haïti en raison de l’aggravation de la pauvreté et des ravages du SIDA. Dans son intervention, l’épouse du président Jean Bertrand Aristide a insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions de vie de la population et de rendre accessibles à tous les services de base. Elle a également plaidé en faveur d’un renforcement du programme d’éducation universelle et du programme d’alphabétisation en cours. «Tous les secteurs du pays et les bailleurs de fonds internationaux doivent accompagner l’Etat haïtien dans la lutte qu’il mène pour la protection des droits des enfants », a lancé Mildred Trouillot Aristide. Haïti qui a ratifié en 1994 la convention internationale relative aux droits des enfants s’apprête a paraphé deux nouvelles conventions: la 182 sur les pires formes de travail des mineurs et la 138 sur l’ âge minimum de travail fixé à 15 ans. Les enfants haïtiens sont également placés sous la protection des lois de la République. Mais, dans la réalité, ces prescrits ne sont pas appliqués, reconnaît la coordinatrice du Bureau de lutte contre le Sida du Ministère de la santé, le docteur Joelle Deas. Les enfants en domesticité, pour la plupart, n’ont pas accès à une nourriture équilibrée, à une éducation adéquate et aux soins de santé efficaces. Au contraire, ils sont battus, humiliés et des fois exploités sexuellement par leurs tuteurs, font remarquer les docteurs Fritz Moïse et Eddy Génécé respectivement responsables de la Fondation pour la Santé Reproductive et l’Education Familliale (FOSREF) et la Fondation Promoteurs Objectif Zéro/Sida (POZ). Ce qui met l’enfant “restavèk” en situation de vulnérabilité par rapport aux IST/SIDA. Selon une étude menée par les Centres GHESKIO, plus de 30 % des enfants vulnérables livrés à eux-mêmes sont infectés par le VIH/SIDA. Le directeur général des Centres GHESKIO, le docteur Jean William Pape, qui en a fait l’annonce à la rencontre du vendredi 9 mai 2003, indique que la prévalence est de moins d’1 % dans les foyers d’accueil qui exercent un contrôle strict sur les enfants. D’où la nécessité pour renforcer ces foyers ou créer de nouvelles structures capables de prendre en charge les enfants en domesticité, soutient le docteur Marie Marcelle Deschamps. « Il faut sensibiliser à la fois les parents, les familles d’accueil et les enfants », a-t-elle déclaré. Mais comment atteindre les enfants en domesticité ? s’interroge la première Dame de la République, Mildred Trouillot Aristide. La présidente de la Croix- rouge haïtienne, Michaèl Amédé Gédéon, propose la création d’une structure qui superviserait les foyers et familles d’accueil et s’informerait de l’état de santé des enfants « restavèk ». Le docteur Gédéon plaide également en faveur de l’éducation des filles qui permettrait de combattre l’exclusion sociale. Haïti comptait plus de 100 mille « restavèk » dont 65 mille filles, en 1984. Aujourd’hui en raison de l’aggravation de la pauvreté, de l’épidémie du Sida et de certains facteurs culturels, ce nombre a augmenté considérablement. Et quand on sait que ce problème affecte aussi bien les zones urbaines que les milieux ruraux, il pourrait atteindre un demi- million d’ici 2010.

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