La ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie entreprend jeudi une visite d’une journée en Haïti, où la France compte environ un millier de soldats participant à la force intérimaire multinationale en Haïti (FIMH), la première d’un ministre français depuis la chute de Jean-Bertrand Aristide. M. Aristide assure avoir été victime d’un coup d’Etat et a déposé plainte à Paris pour enlèvement et séquestration, après avoir quitté le pays le 29 février pour la Centrafrique. Il se trouve en Jamaïque depuis le 15 mars. Cette thèse de l’enlèvement a été qualifiée d' »absurde » par le secrétaire d’Etat américain Colin Powell. L’ancien ministre des Affaires Etrangères Dominique de Villepin devait se rendre au début du mois en Haïti, mais il avait annulé son déplacement peu avant le remaniement ministériel au cours duquel il est passé au ministère de l’Intérieur. En Haïti, la force internationale chargée de stabiliser le pays comprend au total 3.350 militaires, dont environ 1.900 Américains, un millier de Français, 450 Canadiens et 400 Chiliens. Le Brésil a annoncé la semaine dernière qu’il prévoyait d’y envoyer 1.500 hommes en juillet. Les Etats-Unis ont pris le 16 mars le commandement de la première phase de cette force qui doit, à terme, être composée d’environ 5.000 militaires et est dirigée par le général américain Ronald Coleman, dont l’adjoint est un colonel français. La participation militaire conjointe des Etats-Unis et de la France en Haïti revêt pour Paris une importance particulière, car –outre les opérations communes déjà en cours, en Afghanistan et dans les Balkans notamment– c’est la première fois que soldats américains et français se retrouvent ensemble sur le terrain, depuis le refus français de participer à la guerre américaine en Irak. « Les militaires américains, français, canadiens et chiliens sont là pour stabiliser le pays en attendant le déploiement de la mission de paix de l’ONU le 1er juin », avait indiqué le 24 mars le général Coleman. L’Etat-major français juge de son côté que la situation est « stable dans la journée » en Haïti, relevant cependant que des règlements de compte ont toujours lieu de nuit.Les convois humanitaires se déplaçant sur l’ensemble des routes entre le Nord et le Sud du pays doivent être escortés par la force intérimaire, selon le colonel Christian Baptiste, de l’Etat-major des armées. Les soldats français ont la charge de contrôler la situation dans le Nord du pays, et pour Mme Alliot-Marie, « leur arrivée début mars a permis de donner un coup d’arrêt à la spirale de la violence dans ce pays ». Dans la capitale Port-au-Prince, la France doit aussi disposer d’un escadron de gendarmerie et d’une compagnie dédiée à la garde des enceintes. Pour le ministère de la Défense, « la situation demeure cependant volatile car déposer les armes ne veut pas dire les rendre ». La mission des soldats français est triple, souligne le ministère: « assurer la sécurité des ressortissants et des emprises officielles françaises », »faciliter le travail des organisations internationales et organisations non-gouvernementales pour la fourniture de l’aide humanitaire » et sécuriser l’aéroport. Mais c’est à la police haïtienne qu’il revient de « prendre des mesures pour ramener l’ordre public », selon Paris. PARIS, 14 avril 2004 (AFP)
Mme Alliot-Marie en Haïti, où la France compte un millier de soldats
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