Nos têtes ont-elles été mises à prix ?

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Durant plusieurs mois, la capitale haïtienne a eu droit à un répit. Les actes de kidnapping avaient diminué, certaines zones comme Martissant n’étaient plus considérées comme la porte de l’enfer et les armes se sont tues plus ou moins au bicentenaire. Cette accalmie était constatée juste après la création de G9 en Fanmi et alliés qui se veulent être une fédération de gangs armés à l’initiative de l’ancien policier Jimmy BBQ Cherisier. Les retombées étaient telles que le secrétaire général de l’ONU l’a reconnu dans son dernier rapport présenté au conseil de sécurité. Mais depuis quelques semaines l’insécurité a repris ses droits : les cas d’assassinats se multiplient et les kidnappings sont quotidiens. Malgré les différentes opérations de la police nationale, le phénomène prend de l’ampleur et provoque la peur chez les citoyens. Le président de la république ne cesse de passer des instructions au CSPN mais on dirait que le conseil supérieur de la police est désarmé face aux groupes de gangs qui pullulent dans le pays. C’est encore l’ONU qui a affirmé dans une note cette semaine que les bandes criminelles armées sapent de plus en plus l’autorité de l’état. Mais alors que les haïtiens vivent la peur au ventre, avec ce sentiment d’être laissés pour compte, certaines déclarations ou révélations viennent ajouter de la colère sur leur souffrance : la remontée de l’insécurité aujourd’hui serait le fruit d’un règlement de compte entre l’état Haïtien et des bandits. Le directeur exécutif du Réseau National de défense des droits humains, Pierre Esperance a déclaré dans la presse qu’une personne kidnappée a témoigné que son ravisseur lui a avoué qu’elle avait été enlevée parce que le gouvernement n’avait pas encore renfloué les caisses de la bande. Sur Métropole, Reginald Delva, un ancien ministre de l’intérieur, consultant et expert en sécurité publique a révélé que le gouvernement avait pris des engagements envers des groupes armés et certaines promesses n’étaient pas tenues ; plus près de nous, il y a cette interview d’un chef de gang connu accordée à un journaliste sur les réseaux sociaux où il explique s’être mis d’accord avec le gouvernement sur une série d’actions qui aurait dû être posée dans les Ghettos, pour le répéter, après la mise en place de la CNDDR et la fédération des groupes armés. Parce que suite n’a pas été donnée à ses demandes, aujourd’hui il cherche l’argent autrement. Ce qui hier était une simple rumeur prend de la forme et s’approche de plus en plus de la vérité au point de renforcer la frustration des citoyens qui se demandent quand est ce qu’ils ont consommé l’argent de « Shango » et pourquoi doivent ils maintenant le payer. Luckner GARRAUD Journaliste Radio/Télé Métropole

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