Nouveau rapport de l’OEA sur Haiti, nouvelles appréhensions …

L’Organisation des Etats Américains (OEA) produit un nouveau rapport sur l’évolution de la situation en Haiti à la lumière de la Résolution 822. Ce document , dans l’ensemble, met en évidence la dégradation de la situation à différents niveaux . Sur le plan politique, l’Organisation des Etats Américains (OEA) observe que le président Jean Bertrand Aristide se veut clair en exprimant son intention de faire tout ce qui nécessaire pour rester au pouvoir jusqu’au terme de son mandat ( 7 février 2006). Tandis que les formations de l’Opposition affirment publiquement qu’elles n’iront pas aux élections sous la présidence de M. Aristide qu’elles considèrent comme l’obstacle à la démocratie. Dans le chapitre traitant de la Société Civile et de l’Opposition, il est indiqué dans le rapport que le Groupe des 184 à travers la Caravane de l’Espoir continue d’être présent en province pour faire la promotion de son projet de nouveau contrat social. Le Groupe des 184, souligne le rapport de l’OEA, n’a jamais pris position publique en faveur du départ de M. Aristide. Toutefois, le Groupe n’encourage pas les cinq (5) secteurs de la Société Civile ou de l’Opposition à participer au Conseil Eectoral Provisoire (CEP) si le chef de l’Etat pose des actes concrèts tel qu’ indiqué par la Communauté Internationale. L’appel à la trêve lancé par le Président Jean Bertrand Aristide est aussi évoqué dans le rapport. L’OEA indique que les secteurs de l’Opposition y ont répondu différemment. Un porte-parole de la Convergence Démocratique se dit prêt à observer la trêve si les cas d’impunité et de persécution politique cessent. Tandis qu’une autre branche de l’Opposition appelle plutôt à la démission du président du 26 novembre pour observer la trêve. L’OEA souligne la controverse et la méfiance vis-à-vis du gouvernement haïtien provoquées par les déclarations publiques de plusieurs parlementaires relatives à un amendement contitutionnel notamment sur la limitation du nombre de mandats présidentiels. En ce qui a trait aux violations des droits de l’homme, l’OEA souligne que la commission nationale épiscopale Justice et Paix fait état de 177 cas de mort violente en Haïti de novembre 2002 à février 2003. On ignore combien de ces cas ont été commis par des agents de l’Etat ou par ceux qui ont des liaisons avec eux. La Mission Spéciale de l’OEA dit recevoir de nombreux rapports sur des cas impliquant les chefs de gangs de Cité Soleil au service des institutions de l’Etat dans plusieurs cas d’assassinats et d’enlèvements . L’application de la formule « zéro tolérance » demeure aussi préoccupante dans bien des cas, indique l’OEA qui, par ailleurs , réclame toujours un renouvellement à la tête de la Police Nationale. D’autres faits sont aussi mentionnés dans le document. La libération de Rosemond Jean après six (6) mois de détention préventive, le maintien en détention de Prosper Avril en dépit d’un ordre de libération, le peu d’avancées dans les cas de Brignol Lindor et de Jean Dominique. Le rapport du 20 mai de l’OEA fait état également de l’assassinat d’un membre de Fanmi Lavalas au Cap-Haïtien, la préoccupation de la sécurité nationale à propos de la détention de cinq (5) haïtiens en République Dominicaine y compris un ancien commissaire, un ancien ambassadeur soupçonné de conspiration contre le régime au pouvoir en Haïti, l’attaque de la centrale hydro-électrique de Péligre dans le Plateau Central, l’arrestation d’un ressortissant américain aux Gonaïves accusé de recevoir des armes à utiliser contre le régime au pouvoir. Il est aussi mentionné les arrestations et les enquêtes à faire sur plus d’une vingtaine de personnes impliquées dans les violences du 17 décembre 2001 . A ce propos, le document indique que peu d’actions ont été entreprises depuis les recommandations faites par la commission du 20 juin 2002. Amiot Métayer, entre autres, est toléré par l’appareil de justice et de sécurité. Le gouvernement avait déclaré perdre la trace du fugitif blanchi un peu plus tard par la justice. Et de plus, des juges ont dû quitter le pays précipitemment dans le cadre de cette affaire. Dans le même ordre d’idées ,le rapport rappelle que le gouvernement n’a toujours pas donné suite à son engagement de combattre les groupes armés. Le document souligne les nombreux cas de persécutions contre la presse, entre autres, celui de Liliane Pierre Paul de Radio Kiskeya. Il est également fait mention de la situation de Télémax, la seule télévision nationale indépendante , dit le texte qui indique que le Pouvoir a déjà sous contrôle trois (3) autres chaines de télévision en Haïti . En conclusion le document précise que pour la communauté internationale, la situation reste difficile. Se retirer d’Haïti peut constituer un terrible coup pour le pays le plus pauvre de l’hémisphère. Les conditions actuelles commandent la communauté internationale de poursuivre son engagement pour appuyer le processus démocratique, renforcer les institutions et placer Haïti sur les rails du développement économique, politique et social. Ce rapport intervient à un moment où le rôle de la mission spéciale de l’OEA suscite des controverses. Alors que des proches du pouvoir sont très critiques envers l’équipe de David Lee, l’Initiative de la Société Civile plaide en faveur de son renforcement.

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