Nouvel article du quotidien français “LeMonde” consacré à la situation haïtienne.

Après les textes en série de son correspondant en République Dominicaine, le journal  » Le Monde » s’intéresse cette fois aux anciens amis du président Aristide qui ne cachent plus leur déception. La liste des déçus d’Aristide telle que présentée par le journal est longue. En Haïti comme à Paris, Jean Bertrand Aristide incarnait l’espoir d’une vie meilleure mais une fois devenu président, il s’est métamorphosé et ses anciens amis se repentent, commente “Le Monde” de ce 30 janvier 2002. Dans la liste des déçus figurent des lavalassiens, des militants pour la démocratie, des intellectuels, l’épouse du défunt président François Mitterand ,Danielle Mitterand qui est restée longtemps “amie de Titid”. Des ennemis politiques ont confessé leur attachement à Jean Bertrand Aristide. A titre d’exemple, un ancien ministre sous le régime de Jean Claude Duvalier Frantz Merceron dont les propos ont été relatés dans le quotidien français: “ Comme beaucoup d’autres j’ai cru, je me disais qu’il réussirait à équilibrer le poids excessif des milieux d’affaires” . Certains médias ne cachent pas non plus leur déception entre autres le “Monde Diplomatique” un mensuel de référence qui avait souligné dans le passé, “ l’aura de leader tiers-mondiste de Jean Bertrand Aristide” fin de citation. Le quotidien « Le Monde  » cite également une liste de personnalités américaines qui se prenaient de passion pour la cause du chef de l’Etat haitien. Ce long article n’est autre qu’un vibrant réquisitoire contre Jean Bertrand Aristide et le journal présente un tableau accablant de la réalité haïtienne. Un pays à l’agonie qui sombre dans la misère et la violence, l’économie est en ruine, le trafic de cocaine reste florissant, des bandes de jeunes “les chimères” proches de Fanmi Lavalas font la loi dans les quartiers, des journalistes sont assassinés, certains policiers ont recours à la torture et aux exécutions sommaires pour éliminer les contestataires. Et en raison du chaos politique, écrit le journal, l’aide internationale est gelée. Le quotidien français “Le Monde” s’interroge sur la responsabilité du président dans la dégradation du pays. Jean Bertrand Aristide n’est-il pas victime comme tant d’autres de la malédiction haïtienne, se demande t-il. Evoquant les confidences d’un ancien conseiller d’Aristide au début des années 1990, le journal rapporte que le Président n’accepte pas la contradiction. Le prêtre français Jean Yves Urfié, fondateur du quotidien “Libète” s’éloigne aussi du président et fait son méa culpa. “ J’avais des liens très forts avec lui, aujourd’hui je me confesse en public car, il faut reconnaitre le mal pour l’extirper” a t-il dit. Un autre religieux français, Gilles Danroc, déclare que la déception se mesure à l’aune de l’espérance, car, commente t-il, à une époque Aristide incarnait l’ange du bien face à la figure diabolisée de la dictature. “Jean Bertrand Aristide n’a pas pris les mesures que son formidable retour lui aurait permis de prendre” écrit le journal qui s’indigne de l’enrichissement du président. « Le Monde » indique que bien des gens mettent en cause l’exil et l’influence néfaste des américains qui auraient donné le goût de l’argent et du pouvoir à l’ancien curé de Saint Jean Bosco. Max Bourjolly, ancien numéro 2 du Parti Unifié des Communistes Haïtiens (PUCH) quant à lui met en question l’étoffe de président de M. Aristide . Se référant à un papier de Jean Michel Carois ,son correspondant à Santo-Domingo,  » Le Monde  » constate que Haïti a renoué avec les pratiques dictatoriales et les “chimères” n’ont rien à envier aux “tontons macoutes”. « C’est une dictature en gestation » , affirme Frantz Merceron, ancien ministre des Finances de Jean Claude Duvalier et à l’évêque Jacques Gaillot de renchérir: “Les vieux démons ont ressurgi” . Si le tableau est accablant pour Jean Bertrand Aristide, un proche du chef de l’Etat Christophe Wargny auteurs d’articles sur Haïti reconnait avoir commis des erreurs mais n’est pas tendre vis-à-vis de l’Opposition qui, selon lui, est archi-nulle. Le journaliste devait déclare plus loin que le méa culpa est plus difficile pour les français que pour les haïtiens. Philippe Broussard l’auteur du long article souligne en conclusion que l’approche de la célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti sonne comme un triste rappel à l’heure où le pays touche le fond.

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