Oxfam demande des actions urgentes pour prévenir les évictions de milliers de personnes se trouvant dans des camps

Plus de 86 pourcent des personnes vivant dans les camps de la commune de Delmas, zone métropolitaine de Port-au-Prince, ne peuvent quitter les sites d’hébergement provisoires étant donné leur incapacité à payer un loyer, selon une enquête commandée par l’agence internationale Oxfam. L’enquête portant sur 3,600 résidents dans ces camps, révèle que les deux principales priorités des personnes déplacées sont le besoin d’un soutien financier pour sortir des camps (85 pourcent) et celui de pouvoir trouver un emploi stable (50 pourcent). Selon un communiqué de l’organisation internationale, près de trois ans après le tremblement de terre, environ 358,000 personnes vivent dans 496 sites dispersés autour de la capitale. Les trois quart des camps sont situés sur des terrains privés, notamment des écoles et des églises. Environ 78,000 personnes vivant dans les camps installés sur des terrains privés sont présentement menacées d’expulsion par des propriétaires, des bandes armées ou des autorités locales. Alors que certains Haïtiens vivant sur les places publiques ont fait partie des programmes de retour et relocalisation, il n’y a que très peu de solutions alternatives pour les personnes vivant sur les terrains privés, et la sécurité continue d’être une grave préoccupation pour les 358,000 personnes encore sous tente. Dans une note d’analyse, “L’urgente nécessité de prévenir les expulsions forcées dans les camps en Haïti ” publiée aujourd’hui, l’agence internationale reconnait les efforts du gouvernement haïtien pour aider les familles à sortir des camps et retourner dans les quartiers, mais demande aux propriétaires de cesser les évictions forcées et de travailler vers une solution pratique et équilibrée entre les besoins des résident dans les camps et les propriétaires. En date de l’anniversaire de la déclaration des droits humains, Oxfam dénonce la violation des droits des plus de 60,000 personnes de 152 camps qui se sont fait expulsées depuis juillet 2010. « Le gouvernement d’Haïti a fait preuve d’un leadership important sur la question de retour et de relocalisation des déplacés. Cependant, il doit aussi adresser la problématique pour les personnes menacées d’expulsions forcées. Des milliers de personnes font face à une précarité quotidienne et risquent de se retrouver à la rue. Le gouvernement doit s’assurer de la sécurité et la protection des déplacés contre la violence, les intimidations et autres mesures illégales utilisées pour expulser les familles» a déclaré Andrew Pugh, Directeur d’Oxfam en Haïti. Oxfam travaille depuis juillet 2010 en collaboration avec la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits de l’Homme (POHDH) pour assurer la médiation de conflits potentiels, prévenir les expulsions des résidents des camps qui n’ont nulle part où aller, et former les Haïtiens à la connaissance de leurs droits. L’agence a fait la médiation et négocié avec des dizaines de propriétaires fonciers. Mais trois ans après, les propriétaires ont également un droit de reprendre leurs terrains, estime Oxfam. Les évictions forcées affectent davantage les femmes, notamment les cheffes de ménages (36 pourcent des ménages étant dirigés par des femmes) selon l’enquête. Dans sa note, Oxfam appelle la communauté internationale à poursuivre son soutien au gouvernement haïtien pour aider les victimes du séisme de 2010 à sortir des camps et insister sur le respect des droits des personnes déplacées faces aux expulsions forcées. Tous les acteurs, y compris les bailleurs de fonds et les agences des Nations Unies engagés dans le futur d’Haïti, doivent faire des évictions forcées une priorité sur l’agenda humanitaire. EJ/Radio Métropole Haïti

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