Moins d’une semaine après le début de l’exercice fiscal 2002-2003, le gouvernement haitien a annoncé la couleur en exprimant son désir d’augmenter l’assiette fiscale, entendez par là, le gouvernement a besoin de beaucoup plus d’argent pour dépenser durant les prochains mois. Il faut bien reconnaître que Haiti accuse une très faible pression fiscale dûe certainement à la mauvaise gestion enregistrée dans le cadre de la collecte des impôts. Alors que nous entamons un nouvel exercice fiscal et ceci pour la septième fois sans budget, les autorités fiscales haitiennes sont beaucoup plus préoccupées à rentrer des fonds additionnels en excercant une véritable répression fiscale plutôt que d’expliquer à la nation comment on a pu enregistrer ce déficit budgétaire record de plus de 3 milliards de gourdes au cours des 12 derniers mois. Le grand argentier de la nation, M. Faubert Gustave, a observé un certain mutisme tout au cours de l’exercice écoulé refusant de fournir des informations à la presse concernant certaines dépenses publiques même lorsque le Président de la République demandait aux journalistes de le contacter. Malgre les maigres moyens de l’Etat et l’absence du support budgétaire de la communauté internationale, le gouvernement a délié largement les cordons de la bourse pour payer les multiples voyages officiels du President la République à l’extérieur, pour dédommager des déposants de certaines institutions dénommées coopératives ainsi que des victimes des évènements du 17 décembre 2001 et pour faciliter la retransmission de la dernière Coupe du monde de foot-ball etc… Le public doit bien se demander où a-t-on trouvé ces fonds pour assurer de telles dépenses ? Il faudra se rappeler que l’une des premières mesures adoptées par l’actuel Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haiti, la banque centrale, a été d’éliminer le plafond d’émission monétaire donnant ainsi libre cours aux autorités monétaires de faire fonctionner de façon intensive la planche à billets. Ces autorités ont donc dépassé largement le montant auquel le gouvernement avait droit durant le dernier exercice pour financer son déficit à partir de l’Institut d’Emission. Ainsi, les premières conséquences négatives du vieux mécanisme jugé obsolète que représente le plafond d’emission monétaire, se manifestent par une véritable explosion de dette interne du pays et une nette dépréciation de la gourde par rapport au dollar americain. La devise américaine est passée du cours de 25 gourdes en septembre 2001 à 30.50 gourdes en septembre 2002, soit une appréciation de plus de 20%. Les autorités fiscales n’ont peut être pas compris qu’une telle dépréciation de la monnaie constitue une taxe particulièrement lourde pour les petites bourses. En fait, avec un salaire minimum de 36 gourdes, une bonne partie de la classe ouvrière haitienne se retrouve actuellement proche du niveau de 1 dollar américain par jour considéré par la Banque Mondiale comme un niveau de survie pour un habitant. En demandant aux Parlementaires contestés de reprendre les services afin de voter des projets de loi visant à augmenter la Taxe sur le Chiffre d’Affaire (TCA) et la Taxe sur la Communication, le gouvernement contribuera à la baisse continue du revenu disponible déjà faible des consommateurs haitiens et à l’extension de la pauvreté au niveau de la population haitienne. A signaler que le Produit Intérieur Brut devrait connaître une contraction de près de 2% au cours de l’exercice fiscal 2001-2002, soit la deuxième contraction consécutive de l’économie haitienne.
Perspectives peu réjouissantes pour l’économie haitienne en 2003
Publicité