Préoccupations des militants des droits humains face à la poursuite du climat de violence

La Coalition nationale pour la défense des droits des Haïtiens (NCHR) et la Commission Justice et Paix ont publié, chacune , un rapport pour dénoncer la persistance du climat de violence, d’insécurité et de violation des droits de l’homme. La NCHR met à l’index les groupes illégaux qui circulent avec des armes tels les anciens militaires, les membres du Front de Résistance, les membres de l’ancienne opposition et des policiers révoqués. L’organisation de défense des droits de l’homme en profite pour réclamer la publication des enquête sur le meurtre de plusieurs individus à Fort National, le 26 octobre, et sur la mutinerie du 1er décembre au Pénitencier national. En ce qui a trait à la Police Nationale d’Haïti (PNH), tout en saluant les efforts de la Direction Générale pour sanctionner les agents fautifs, la NCHR fait état de plusieurs cas de meurtre dans lesquels seraient impliqués des policiers lors d’interventions dans les quartiers populeux à la recherche de bandits. Dans son rapport, la NCHR se dit « préoccupée également par le fait que des cas d’arrestation suivis de disparitions et/ou d’exécution soient mis aujourd’hui encore (près d’un an après le départ d’Aristide) à la charge de la PNH ». L’organisme de défense des droits de l’homme cite, entre autres, les cas suivants : Le 19 janvier 2005, lors d’une intervention de la PNH à Cité de Dieu, Abdias Jean, aurait été maîtrisé puis froidement abattu ; Le 19 janvier 2005, Wilbert Jeanty, Jean Casimir Pierre, Jean Louis, Saurel Marcellus et Thomas Fils Aimé qui revenaient de l’aéroport, auraient été arrêtés par une patrouille policière, tout près de Bâtimat. Depuis, ils sont portés disparus. Toutes les démarches faites par la NCHR à travers les commissariats et prisons de la zone métropolitaine se révèlent infructueuses ; Le 17 janvier 2005, Ederson Joseph (Pouchon), âgé de 17 ans, a été tué chez lui à la ruelle Estimé (zone Pourpelard), au cours d’une opération de police consécutive à l’attentat dont fut victime dans la zone, la veille, le chef du cabinet du Premier Ministre ; Le 14 janvier 2005, aux environs de huit heures trente (8h30) du soir, Réjouis Jean Roosevelt, selon ses parents, aurait été arrêté par une patrouille policière de la Garde-côte, à Source Corossol. Son cadavre a été retrouvé tôt, le matin du 15 janvier 2005, sous le pont de Lamentin, zone Route Rail ; Le 5 janvier 2005, Jimmy Charles arrêté au Fort National par une patrouille de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fut conduit à l’Antigang. Suite à son audition par devant le Tribunal de Paix Section Sud, les 10 et 12 janvier 2005, il fut libéré suivant un ordre de mise en liberté du juge Ambroise Gabriel. Son corps a été retrouvé à la morgue de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), le lendemain de sa libération, soit le 13 janvier 2005. Tout laisse supposer qu’il n’ait pas eu le temps de rentrer chez lui. Le 4 janvier 2005, la PNH a mené une opération au Village de Dieu. Au moins, sept (7) personnes ont été tuées dont Angela Amazan, une jeune fille de 16 ans, élève de 6ème année fondamentale. Dans son texte, l’organisme a également fait part d’ un certain nombre de recommandations aux autorités. 1) Ordonner la publication des résultats d’enquêtes menées par les commissions créées par les autorités autour des événements du Fort National et du Pénitencier National, survenus respectivement les 26 octobre et 1er décembre 2004 ; 2) Former un comité de travail sur la problématique des personnes en détention préventive prolongée ; 3) Former une commission d’enquête indépendante sur les cas d’exécution et/ou de disparition mis à la charge de la PNH en vue de fixer les responsabilités ; 4) Renforcer et dynamiser le Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ) et les Services d’Investigation en vue de les mettre en mesure de remplir leur mission avec efficacité ; 5) Mettre l’Inspection Générale en mesure de participer à toutes les opérations d’envergure de la PNH en vue de relever et de sanctionner les bévues policières ; 6) Prendre toutes les mesures pour que la Police Nationale d’Haïti soit opérationnelle à travers tout le territoire national et à Petit Goâve en particulier ; 7) Faire comparaître les personnes gardées à vue devant leur juge naturel selon le vœu de la loi ; 8) Mettre à la Disposition des Magistrats des moyens adéquats de travail et de renvoyer du système les magistrats corrompus ; 9) Désarmer les groupes armés sans considération d’ordre politique, économique et social. De son côté, la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix de l’Eglise Catholique a adressé un rapport aux autorités couvrant la période novembre-décembre 2004 marquée par les violences à la capitale des activistes armés lavalas de l’opération Bagdad. La Commission Justice et Paix a répertorié 166 morts mais précise que « les chiffres réels doivent être plus élevés ». L’organisme a également souligné que ce « rapport ne couvre pas toute la violence dont est victime le peuple. On ne saurait oublier les menaces et intimidations, les viols et blessures, les vols, incendies de voitures et de maisons qui ravagent la société ». Justice et Paix exprime ses préoccupations face à la violence qui sévit entre groupes armés et à certaines interventions de la police qu’elle souhaite plus professionnelle et respectueuse des droits humains. Parmi les recommandations de l’organisme de l’Eglise catholique, la fin de l’impunité avec tous les moyens légaux.

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