L’ancien ministre des Finances Marc Louis Bazin relève des risques importants dans le cadre de l’opération que les banques commerciales comptent réaliser avec le gouvernement pour le paiement des arriérés envers la BID . M. Bazin qui était l’invité du Journal du Matin de Radio Métropole de ce jeudi 12 juin 2003 , fait remarquer que le décaissement des fonds de la BID est sujet à certaines conditions qui doivent être respectées préalablement par le gouvernement . M. Bazin estime que l’opération est sujette à des risques de quatre (4) ordres En premier lieu , l’économiste se demande pourquoi le trésor public effectue un prêt à des taux élevés alors que celui portant sur les arriérés est de 1% pour 10 ans et de 2% sur 40 ans . Ensuite ,M. Bazin fait remarquer que les 30 millions que va prêter le secteur bancaire au gouvernement sont payables en un (1) seul versement alors que la BID effectue ses décaissements par tranche . En troisième lieu , l’ancien ministre précise que certaines opérations pendantes sont sujettes à des conditions techniques préalables . A titre d’exemple, il cite le prêt d’Investissement Sectoriel (ISL) qui nécessite dix (10) conditionnalités dont la privatisation des entreprises publiques . M. Bazin estime qu’il y a risque d’augmentation des arriérés . Enfin , le quatrième risque et non des moindres ,dit-il, l’endettement commercial se fait sans que le paiement ne débouche sur une contre-partie satisfaisante. Autrement dit , le gouvernement doit s’assurer qu’il tire les grosses tranches sur les gros prêts. M. Bazin conclut qu’un emprunt à des conditions commerciales est un risque déraisonnable . L’ancien ministre souhaite que les Banques Commerciales proposent un montage financier impliquant trois (3) autres partenaires à savoir le gouvernement , la BID et le CARICOM en vue de la sécurisation de ce prêt avec des engagements clairs de chaque partie d’autant que le gouvernement a des problèmes de capacité de remboursement. Cette proposition qu’il appelle « conditionnalités croisées » a l’avantage , selon lui , de « l’équité , l’efficacité et la transparence ». Mais, pour M. Bazin , ce n’est pas l’idéal , ce qu’il faudrait faire c’est de revenir à l’expérience de 1994 lors du retour d’exil du Président Jean Bertrand Aristide . Marc Louis Bazin rappelle qu’Haiti avait des arriérés de l’ordre de 83 millions de dollars américains , à ce moment la Communauté Internationale avait fait un don de 64 millions pour éponger cette dette . Parallèlement , des prêts bilatéraux étaient effectués pendant que le rééchelonnement se faisait à des taux préférentiels . Pour l’économiste qui se prononce contre le gel de la coopération internationale , si la Communauté Internationale ne réagit pas en ce sens le blocage risque d’être politique. Ce qui voudrait dire que le gel des fonds de la BID n’est pas seulement d’ordre technique . Sur un autre plan , Marc L. Bazin a déploré le fait que l’APB inscrive ses discussions avec le gouvernement dans le cadre du récent accord Staff Monitored Program (SMP) signé entre le gouvernement et le FMI . Pour M. Bazin , cette position a fait de l’APB un acteur de la politique économique du gouvernement . Mardi dernier, le ministre des Finances , Faubert Gustave, a annoncé la conclusion d’ici deux semaines d’un accord de prêt avec le secteur bancaire de l’ordre de 30 millions de dollars américains pour le paiement des arriérés de la BID. En marge d’une rencontre au Sénat, M. Gustave avait indiqué que les discussions actuelles portaient sur les garanties réclamées par les banques commerciales de la place. De son côté, le président de la Commission Finances du Sénat , Prince Pierre Sonson avait accueilli favorablement les discussions en cours entre le gouvernement et les Banques Commerciales sur le prêt de 30 milions de dollars américains pour payer les arriérés à la Banque Interaméricaine de Développement (BID). Prince Pierre Sonson avait souhaité l’aboutissement des discussions pour favoriser le décaissement des fonds au bénéfice d’Haiti . Le sénateur Prince avait soutenu qu’il n’y avait aucun risque dans cette opération. Pour sa part, Le porte-parole de la Convergence Démocratique, Paul Denis , avait exprimé des appréhensions autour de ce prêt que les Banques Commerciales s’apprêtent à accorder au gouvernement . M. Denis avait souhaité de la transparence autour de cette opération et douté de la capacité du gouvernement à gérer les fonds de la BID tout en s’interrogeant sur le montage financier de 30 millions . De son côté, le représentant de la BID , Gérard Johnson , avait confié à Radio Métropole que son institution n’était pas impliquée dans les négociations entre le gouvernement et les Banques Commerciales . M. Johnson faisait remarquer que la BID ne pouvait négocier avec des institutions bancaires privées car son statut l’autorise à traiter uniquement avec le gouvernement.
Prêt en vue du secteur bancaire au gouvernement pour payer les arriérés de la BID : Marc Bazin estime que l’opération est très risquée
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