Les économies de l’Amérique Latine et de la Caraïbe connaîtront une croissance de seulement 2 % en 2001, à peine la moitié de l’expansion enregistrée au cours de l’année 2000, selon un rapport publié la semaine passée par la Commission Economique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (CEPAL). Les experts de cet organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ont modifié ainsi les dernières prévisions réalisées en mai dernier selon lesquelles les économies de la zone devraient croître à un rythme de 2.7 à 3 % durant l’année 2001. En raison des conditions externes beaucoup moins favorables que celles prévues auparavant et des situations internes qui se sont détériorées, il est probable qu’une faible croissance soit enregistrée dans les économies de l’Amérique Latine et de la Caraïbe au cours de l’année 2001, a révélé une étude de la CEPAL. Les experts de cette institution ont indiqué que le faible taux de croissance sera accompagné toutefois d’une baisse significative des pressions inflationnistes mais d’autre part d’une augmentation du taux de chômage qui pourrait atteindre le niveau de 8.5 % de la force de travail dans la région. A rappeler que le président de la Banque Inter Américaine de Développement (BID), M. Enrique Iglesias, estime que les pays de l’Amérique Latine et de la Caraïbe devraient croître à un rythme de 7 % afin de réduire le niveau de la pauvreté dans la zone. Il convient de noter que les derniers calculs de la CEPAL sont réalisés à partir d’anticipations d’une reprise de l’économie mondiale au cours de la deuxième partie de l’année 2001, particulièrement aux Etats-Unis. Les techniciens de la CEPAL ont souligné en fait que le taux de croissance des économies de la région ne dépassera pas le niveau de 1.5 % si la récupération économique n’est pas au rendez-vous durant les six derniers mois de l’année 2001. Le secrétaire exécutif de la CEPAL, José Antonio Ocampo, a déclaré à la presse que les prévisions concernant un taux de croissance de 2 % supposent une fin de la contraction économique dans les pays les plus avancés, ce qui aura des répercussions positives sur les économies de la région de l’Amérique Latine et de la Caraïbe. Il a ajouté que si les conditions qui existaient au cours du premier semestre seraient maintenues dans la deuxième partie de l’année en cours, la reprise économique dans la zone de l’Amérique Latine et de la Caraïbe sera réalisée au cours de l’année 2002. Les prévisions pessimistes de la CEPAL résultent, selon le numéro un de l’institution, de la mauvaise performance affichée par les économies de la région durant le premier semestre de l’année 2001. Les pays les plus menacés par les difficultés économiques sont l’Argentine qui devrait accuser cette année une contraction de 1 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et le Pérou et l’Uruguay afficheraient une croissance nulle. La détérioration de la situation économique et financière en Argentine pourrait affecter ses principaux partenaires commerciaux de la région comme le Brésil et le Chili qui devraient atteindre des croissances respectives de 2.7 % et 3.2 %. Le Mexique qui avait enregistré l’une des plus fortes croissances économiques de la zone durant l’année, soit 7 %, devrait faire face à une performance beaucoup moins spectaculaire avec un taux de croissance de seulement 2.2 % au cours de l’année 2001. Quant à la République dominicaine, elle pourrait connaître cette année un taux de croissance très faible par rapport aux niveaux atteints au cours des dernières années. En fait, les experts de la CEPAL prévoient un taux de 3.5 % pour l’année 2001 alors que l’économie dominicaine avait affiché une croissance moyenne de plus de 5 % durant les années 90. Haïti devrait faire partie, de son côté, du dernier peloton avec un taux de croissance inférieur à 1 %. Affectée par une longue crise politique, l’économie haïtienne n’a pas pu bénéficier des investissements nécessaires pour relancer la production. La nette augmentation des taux d’intérêt dans le système bancaire résultant de la politique monétaire restrictive pratiquée les responsables de la banque centrale, a découragé les investisseurs locaux et retardé ainsi toute reprise économique. Les problèmes rencontrés dans l’offre énergétique liés au ralentissement des activités économiques aux Etats-Unis, ont affecté le secteur des exportations dans l’économie haïtienne. En plus de la faible croissance, les agents économiques haïtiens subiront également les fortes pressions inflationnistes causées par la détérioration de la situation financière de l’Etat. Estimé à plus de 2 milliards de gourdes au cours des 9 premiers mois de l’exercice fiscal 2000-01, le déficit budgétaire a été financé presque exclusivement par la banque centrale donnant lieu à une importante création monétaire. A rappeler que le taux d’inflation a accusé une moyenne de 17.3 % au cours des 9 premiers mois l’exercice fiscal 2000-01 alors que les autorités avaient prévu une moyenne de 13 % sur l’ensemble de l’exercice. Kesner Pharel – Economiste – Radio Métropole – kfpharel@hotmail.com
Prévisions pessimistes pour les économies de l’Amérique Latine et de la Caraïbe pour l’année 2001
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