Rapatriement de 50 haïtiens à la frontière de Belladère/Elias Piña

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Des militaires dominicains ont procédé dans la soirée du 27 janvier 2015 au rapatriement de 50 personnes à la frontière de Belladère/Elias Piña. Selon des informations publiees par le GARR sur son site internet , parmi ces personnes rapatriées, on enregistre 28 enfants, 14 femmes et 8 hommes. Les enfants étaient accompagnés de leur institutrice, Isabella Pomares, 74 ans, une sœur catholique d’origine espagnole. La sœur Isabella Pomares a déclaré au GARR qu’elle réside en République Dominicaine depuis 32 ans. Elle est responsable d’un établissement scolaire à El Bache, une localité de Elias Piña, voisine de la commune frontalière de Belladère. Dans la matinée du 27 janvier 2015, la religieuse devait se rendre à San Juan en compagnie de 28 écoliers/écolières fréquentant l’institution qu’elle dirige en vue de leur régularisation au PNRE. Des parents de ces mineurs-es qui étaient 14 femmes et 3 hommes faisaient aussi partie de l’équipe, a-t-elle souligné. Au moment où la délégation atteignait la route de San Juan, la Sœur catholique a indiqué que des militaires dominicains l’ont fait signe de s’arrêter et l’ont intimé l’ordre de retourner au bureau de l’immigration d’Elias Piña. « Ce n’est qu’en arrivant à Elias Piña que j’ai pu remarquer qu’ils voulaient illégalement rapatrier les enfants et leurs parents. Car un bus qui comptait déjà d’autres personnes les attendait pour les rapatrier à la frontière de Belladère. », a-t-elle raconté. Conduites par un membre du Réseau Frontalier Jeannot Succès(RFJS), les personnes rapatriées ainsi que la religieuse etaient arrivées à 6h30 PM, heure haitienne, au bureau du GARR à Belladère, où elles ont passé la nuit. En signe de solidarité avec ces familles rapatriées, l’institutrice avait consentie d’accompagner les enfants rapatriés à la frontière de Belladère. Après plusieurs échanges, elle a pu retourner en République Dominicaine, le 28 janvier 2015, avec les enfants et leurs parents. Le Service Jésuite aux Migrants (SJM) et le GARR ont dû aussi intervenir en vue de faciliter leur retour. La sœur catholique espagnole qui s’est montrée furieuse de la façon dont les militaires dominicains traitent les migrants-es haïtiens, a dit regretter que ces derniers ne connaissent pas la loi de leur pays notamment, celle relative au Plan national de régularisation des étrangers, initié par le gouvernement dominicain, le 2 juin 2014. « Je me demande pourquoi ces militaires rapatrient même les migrants-es haïtiens qui ont parfois leurs documents ou ceux/celles qui sont en passe d’être régularisés-es au PNRE », s’est-elle interrogée. Soulignons, le samedi 24 janvier 2015, cinq (5) personnes avaient été aussi rapatriées dont 3 étaient munies de leurs documents et une autre disposait d’une fiche d’enregistrement au PNRE. Selon les déclarations de ces personnes rapatriées qui vivaient à Las Maltas, des militaires dominicains avaient confisqué leurs documents et dérobé leur argent lors d’une opération menée dans cette zone. « Ils ont pris nos passeports valides et même des fiches d’inscription dans le cadre du programme du gouvernement dominicain visant à régulariser notre statut. », ont-ils/elles déploré. Diverses organisations de la société civile haïtienne et dominicaine travaillant avec les migrants-es en République voisine n’ont jamais cessé de demander au gouvernement dominicain de surseoir aux rapatriements pendant le déroulement du PNRE. Ce qui faciliterait l’inscription des ressortissants-es haïtiens-nes à ce programme. Le GARR appelle au respect du protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriements paraphé le 2 décembre 1999 par les autorités haïtiennes et dominicaines. Ce protocole est constamment violé par l’Etat dominicain. EJ/Radio Métropole Haïti

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