La tension était vive à la Mairie de Port-au-Prince , le vendredi 13 juin 2003, suite à une intervention du ministre de l’Intérieur. Le maire a même perdu connaissance . Alors que les autorités sont en pleine campagne de désarmement, l’équilibre des armes a permis d’éviter le pire et de ramener le calme . Dans la cour comme sur les balcons du palais municipal, des employés chauffés à blanc, ils sont armés pour la plupart. Révolvers de calibre 38, fusil 12, ou autres armes de longue portée. Les supporters du maire Yves Médard dit Rassoul Labuchin sont sur pied de guerre. Ils s’insurgent contre Jocelerme Privert, le ministre de l’intérieur, qui a, semble-t-il, tapé du poing sur la table en voulant procéder à l’arrestation de certains responsables municipaux suite à la brutale opération visant à déloger les marchands sur les trottoirs des rues portant les noms des Héros de l’Indépendance. A l’intérieur, M. Médard s’est évanoui. A son chevêt une équipe « multi colore » composée d’agents de sécurité, de membres du petit personnel, de fonctionnaires de l’infirmerie du palais municipal. M. Médard, hypertendu et diabétique à la fois, a été , vraisemblablement, incapable de supporter les énervements de son ministre de tutelle. Mais si les protestataires confirment la dispute entre les deux personnalités, le directeur général de la mairie, Duckens Exantus, refuse d’approuver cette thèse, il admet néanmoins que le dialogue pourrait avoir été teinté d’écarts de langage. Pourtant et en dépit des dénégations du ministre de l’Intérieur , Dickens Exantus était en tête de liste des personnes ciblées par Jocelerme Privert, à côté du directeur administratif, Assad Fresner, et, du numéro deux (2) de la sécurité de la mairie, Frénel Latouche, selon une source digne de foi. Entre temps, le palais municipal est assiégé, un détachement de la Police Nationale d’Haiti (PNH) tente de prendre le contrôle des lieux, armé jusqu’aux dents. Toujours est-il qu’à l’intérieur de la mairie tout le monde ou presque reste sur pied de guerre, on ne baisse pas les armes. Supporters aux cheveux tressés, agents de sécurité créent l’ambiance. Pendant ce temps, Angelot Bell, directeur général du ministère de l’intérieur qui suppléait à Jocelerme Privert n’ a pas atteint également son objectif . Le cortège s’en va sans Yves Médard, satisfaction du côté des occupants de la mairie, la réjouissance est perceptible sur tous les visages dont celui de René Civil, le puissant chef de l’Organisation Populaire (OP) dénommée JPP ,venu sans doute conforter les bases. Et , pour saluer « l’échec » de la tentative gouvernementale , des partisans du maire ont tiré quelques rafales. Entre temps , Jocelerme Privert , hué , avait rejoint une délégation du Palais National conduite par le chef de cabinet de la Présidence , Jean Claude Desgranges. Cette délégation a visité les marchands pour leur exprimer la solidarité du Président Aristide et pour les inviter à « résoudre les problèmes dans le dialogue ».
Rapports très tendus entre le Ministère de l’Intérieur et la Mairie de la Capitale
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