René Préval devra former une coalition de centre gauche

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Avec plus du tiers des sièges au Parlement, le parti L’Espoir, du président élu René Préval (centre gauche), est arrivé en tête des élections législatives, dont le deuxième tour a eu lieu le 21 avril en Haïti. Formé en 2005 pour soutenir la candidature de M. Préval, L’Espoir a emporté 11 sièges de sénateur, sur un total de 30, et 20 des 60 postes de député déjà attribués, selon des résultats portant sur plus de 90 % des suffrages. Deux partis de centre gauche, l’Organisation du peuple en lutte (OPL) et la Fusion des sociaux-démocrates, arrivent en deuxième et troisième position.Après son élection à la présidence, le 7 février, M. Préval avait engagé des négociations avec ces deux partis et avec l’Union, la formation du pasteur Chavanne Jeune, arrivé quatrième à la présidentielle. « Ces rencontres se sont très bien passées, souligne Serge Gilles, candidat malheureux de la Fusion à la présidentielle. Nous sommes prêts à participer à un gouvernement de coalition pour mettre en oeuvre un plan de développement à long terme. » Même son de cloche à l’OPL : « Nous sommes ouverts à une participation au gouvernement », dit Rosny Smarth, qui fut premier ministre de René Préval lors de son premier mandat présidentiel (1996-2001).De même qu’il s’est abstenu de mentionner pendant la campagne électorale l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, son ancien mentor, avec qui il a pris ses distances, M. Préval n’a pas évoqué d’alliance avec la Fanmi Lavalas (Famille l’Avalanche), le parti fondé par l’ancien chef d’Etat exilé en Afrique du Sud. « Même si René Préval n’était pas le candidat de la Fanmi Lavalas, j’ai voté pour lui, et je pense qu’il va faire un bon gouvernement », confie Félix Luckner, un militant du parti. »Le pays est épuisé, et tout le monde semble vouloir que ça réussisse cette fois-ci, dit Micha Gaillard, porte-parole de la Fusion des sociaux-démocrates. Jusqu’à présent, Préval a joué finement aussi bien avec les acteurs haïtiens de la classe politique et de la société civile qu’avec les partenaires étrangers. » « René Préval a conscience que la lune de miel sera brève, admet un proche conseiller du président élu. Si l’économie ne décolle pas et si le sort des plus pauvres ne s’améliore pas au cours des prochains mois, l’ombre de l’exilé d’Afrique du Sud reviendra hanter ce pays. » »L’économie, certes, mais aussi la sécurité et la justice, ajoute Jean-Claude Bajeux, vétéran de la lutte pour les droits de l’homme. Même si la violence a baissé depuis l’élection présidentielle, les armes sont toujours aux mains des gangs, et les tribunaux sont paralysés. Il faudrait que René Préval envoie très vite des signaux clairs. » »Le Monde » du jeudi 27 avril 2006

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