« N’avons-nous pas appris, après l’Allemagne, dans les Balkans et en Afrique du Sud, que nous ne pouvons pas accepter le racisme institutionnalisé » : quatre écrivains américains, Mark Kurlansky, Junot Díaz, Edwidge Danticat et Julia Àlvarez, se sont alarmés des conséquences de l’application de la résolution 168-13.Aníbal de Castro, Ambassadeur de la République dominicaine à Washington, dans une lettre à la rédaction du New York Times, considère que son pays fait l’objet de pressions injustes de la part de la communauté internationale. « La République dominicaine, écrit-il dans une lettre ouverte publiée dans le New York Times, a un intérêt légitime dans la régulation de l’immigration et dans l’établissement de règles claires concernant l’acquisition de la citoyenneté. Elle ne devrait pas faire l’objet de pressions de la part d’acteurs extérieurs ou d’autres pays qui cherchent à lui faire adopter des mesures contraires à sa propre Constitution. Voilà qui semblerait totalement inacceptable à la plupart des États confrontés à une pression migratoire équivalente ».Les écrivains Mark Kurlansky, Junot Díaz, Edwidge Danticat et Julia Álvarez rejettent les propos de l’ambassadeur. Et se demandent ce vont maintenant devenir ces 200.000 personnes apatrides qui n’ont aucun autre pays où aller ? Radio Métropole Haïti publie in extenso la traduction de la lettre ouverte des quatre écrivains publiée dans le New York Times. « Pour tous ceux qui pensaient qu’il y avait une nouvelle République dominicaine, un État moderne ayant laissé derrière lui la violence et le racisme du passé, la décision 168-13 du plus haut tribunal du pays lui a fait faire un grand pas en arrière.Selon cette décision, les Dominicains nés de parents sans papiers perdent leur statut de citoyen. La décision est rétroactive à 1929 et touche environ 200.000 personnes dominicaines d’origine haïtienne, y compris ceux qui n’ont aucun lien personnel avec Haïti depuis plusieurs générations.Un tel racisme est consternant; c’est la continuation d’une histoire d’abus constant, qui a culminé avec le tristement célèbre massacre de 20.000 Haïtiens en cinq jours, en octobre 1937, sous la dictature de Rafael Trujillo.Une des leçons importantes de l’Holocauste est que la première étape d’un génocide est de dépouiller un peuple de son droit à la citoyenneté.Que va-t-il se passer maintenant avec ces 200.000 personnes apatrides qui n’ont aucun autre pays où aller? Avec cette décision, il sera difficile pour eux d’étudier, de travailler dans le secteur formel de l’économie, d’obtenir l’assurance ; de cotiser pour leur caisse de retraite; de se marier légalement, d’ouvrir des comptes bancaires, et même de quitter le pays qui maintenant les rejette s’ils ne peuvent pas obtenir ou renouveler leur passeport. Il s’agit d’une cible idéale pour tous les abus.Comment le monde devrait-il réagir? N’avons-nous pas appris, après l’Allemagne, dans les Balkans et en Afrique du Sud que nous ne pouvons pas accepter le racisme institutionnalisé ? » New York, 29 octobre 2013 Mark KURLANSKY Junot DÍAZ Edwidge DANTICAT Julia ALVAREZ Mr. Kurlansky est Américain. Mr. Díaz et Mme Alvarez sont d’origine dominicaine. Mme Edwidge Danticat est d’origine haïtienne.Adresse de la publication originale des deux lettres dans le New York Times : http://www.nytimes.com/2013/11/01/opinion/two-versions-of-a-dominican-tale.html?src=recpb HA/radio Métropole Haïti
Rép.Dominicaine : Les apatrides, cible idéale pour tous les abus
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