Des membres du secteur des affaires et des économistes font part de leurs appréhensions face à la décision adoptée par le gouvernement de réduire les activités au niveau des ports des villes de province pour une période de six mois afin de lutter contre la contrebande à partir du 1er décembre 2004. Selon les représentants de ces secteurs, l’arrêt temporaire du dédouanement des véhicules et des produits réfrigérés en province à partir du 1er décembre aura des impacts négatifs sur le coût de la vie. L’industriel Charles Henri Baker évite de parler d’irresponsabilité de la part de l’équipe en place mais admet que le problème est de taille. Et l’envergure du problème est liée à une mauvaise évaluation de la situation au niveau social par les autorités, selon M. Baker.Le vice-président de l’Association des Industries d’Haïti (ADIH) croit qu’en pareille matière le gouvernement n’a d’autre choix que d’attaquer le mal par ses racines à savoir révoquer le personnel corrompu et mettre les infrastructures en place. L’approche n’est pas différente au niveau de l’économiste Jean Claude Paulvin. Le pdg de la firme écosof déclare comprendre le souci d’efficacité qui prédomine au niveau du régime en place mais est d’avis que la réalité d’aujourd’hui impose ses propres choix dans un pays déjà en proie au chômage.Les complications que l’adoption d’une telle mesure risque d’engendrer sont énormes, selon l’économiste Jean Claude Paulvin et par conséquent, le gouvernement est tenu de faire la part des choses avant tout durcissement de ton dans ce dossier. L’économiste Kesner Pharel situe la mesure dans le cadre des dispositions réclamées par l’administration américaine pour combattre le terrorisme en mettant un maximun de sécurité au niveau des installations portuaires à travers le monde. Le pdg de Group Croissance croit que cette mesure aura un impact et soutient que le gouvernement devrait débattre de la question avec l’ensemble des secteurs avant d’adopter la décision.Le gouvernement tente d’expliquer le bien-fondé de la mesure d’interdiction pour une période de six mois d’importer des véhicules et des produits réfrigérés en province à compter du 1er décembre. Lors d’une conférence de presse à la Primature dans l’après-midi du lundi 22 novembre 2004, le chef du gouvernement par intérim, le ministre de l’intérieur Hérard Abraham et le ministre a.i. des finances, le ministre du commerce Danielle Saint-lot ont réaffirmé la nécessité d’une telle disposition. Ils soutiennent que cette mesure vise à moderniser les infrastructures portuaires en province et à diminuer les pertes. Mme Saint Lot affirme que le premier bénéficiare sera la population qui est victime des importateurs qui refusent de payer les taxes. Un rapport du secteur privé publié cette année estime à plus de 3 milliards de gourdes, les pertes causées au Trésor public par la contrebande en 2003. Des manifestations de protestation ont été enregistrées à Saint-Marc et à Miragoâne, les principales villes portuaires de province.
Restriction des activités dans les ports de province : la mesure est loin de faire l’unanimité
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