Saint-Domingue demande une intervention internationale à Haïti

La République dominicaine a appelé mardi la communauté internationale à intervenir pour ramener le calme en Haïti mais Washington a exclu tout envoi de force dans l’immédiat sur l’île des Caraïbes. « Il est temps pour la communauté internationale, pour les agences de prêts multinationales et pour les gouvernements amis d’intervenir (…) dans l’aggravation d’une crise qui pourrait s’avérer très préjudiciable pour la région », a déclaré Francisco Guerrero Prats, chef de la diplomatie dominicaine. La République dominicaine se trouve sur la même île d’Hispaniola qu’Haïti, dont le président Jean-Bertrand Aristide est confronté depuis 12 jours à une importante rébellion. Les Dominicains craignent que les violences ne se propagent sur leur territoire. Guerrero Prats a précisé que son pays travaillait à la recherche d’une solution pacifique à cette crise, en lien avec l’organisation commerciale régionale caribéenne Caricom et l’Organisation des Etats d’Amérique (OEA). Le président dominicain, Hipolito Mejia, a déclaré ce week-end que sa police arrêterait tout insurgé haïtien franchissant la frontière. WASHINGTON « PAS ENTHOUSIASTE » Mais le meurtre de deux soldats dominicains à la frontière, attribué à des Haïtiens qui leur ont volé leurs armes, montre que cette frontière n’est pas complètement imperméable, malgré le renforcement de sa surveillance côté dominicain. Powell a affirmé mardi que Washington n’envisageait pas d’envoyer à ce stade une force militaire en Haïti mais préférait oeuvrer diplomatiquement à une stabilisation de la situation haïtienne. « Nous ne sommes franchement pas enthousiastes à l’idée d’envoyer maintenant des forces militaires ou des forces de police pour mettre un terme aux violences auxquelles nous assistons », a-t-il dit. « A l’heure actuelle, nous souhaitons trouver une solution politique. Plusieurs pays sont d’accord pour, par la suite, envoyer une force de police pour observer le respect d’un accord politique ». Mardi matin, sur les ondes de France Inter, le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, a de son côté appelé la classe politique haïtienne à « un sursaut » alors que le pays est « au bord du chaos » et a fait part de la disponibilité de la communauté internationale à aider au retour au calme. Le ministre des Affaires étrangères a précisé avoir « demandé qu’une cellule de crise puisse se réunir au Quai d’Orsay en urgence aujourd’hui pour rassembler l’ensemble des administrations françaises et voir ce que nous pourrions faire comme contribution immédiate ». « Nous avons les moyens et beaucoup de pays amis sont mobilisés, qui sont prêts à agir. Il faut trouver le moyen de le faire en liaison avec les différentes parties haïtiennes », a précisé Dominique de Villepin. Une cinquantaine de personnes sont mortes à Haïti depuis que des insurgés ont pris, le 5 février, le contrôle de Gonaïves. Mardi, Powell a souligné qu’aucune force de police ne serait envoyée dans l’île avant une stabilisation de la situation. « Le grand problème à l’heure actuelle est d’ordre humanitaire », a-t-il dit. « Nous envoyons des gens des Etats-Unis, de l’OEA et des autres organisations internationales pour trouver une solution à la crise humanitaire. » Aristide avait été remis au pouvoir par les Etats-Unis en 1994 après un coup d’Etat contre lui. SAINT-DOMINGUE, République dominicaine (Reuters)

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