
Un prévenu, incarcéré en attendant les dessous de l’instruction d’une affaire aux Gonaïves, a été escorté par la police, sur ordre du commissaire du gouvernement,Me. Enock Géné, afin d’effectuer une transaction bancaire. Le scandale a été révélé par le RNDDH dans un rapport rendu public ce mardi. L’affaire remonte au 19 mars dernier quand le dénommé Madsen Clervoyant et Duclas Marcelin se sont battus pour une affaire de femme. A la suite de la bagarre, Madsen Clervoyant ainsi que plusieurs de ses proches ont été interpellés et écroués. Deux jours après, soit le 19 mars, le juge de paix de la section Nord des Gonaïves, Louima Louidor, a décidé de transférer l’affaire au Parquet près du tribunal de première instance des Gonaïves. Au lendemain, le commissaire du gouvernement des Gonaives, Me. Enock Géné Génélus, a transféré le dossier ainsi que le réquisitoire d’informer s’y correspondant au Cabinet d’instruction de Me. Denis Pierre Michel.Alors que le dossier se trouve au Cabinet d’instruction, les avocats de Madsen Clairvoyant, Miguel Baptiste et Marcel Jean Baptiste ont enclenché un processus d’entente entre les deux hommes au litige. Apres discussions, les avocats de Madsen Clairvoyant conviennent que leur client verse la somme de 40 000 USD à Me Duclas, à titre de réparation pour les nombreux coups reçus. Pour payer l’argent, les défendeurs de Madsen envisagent de le faire sortir de la prison pour opérer une transaction bancaire. Le 25 mars, ils ont sollicité du juge d’instruction, Me Denis Pierre Michel, l’autorisation de laisser sortir leur client pour qu’il effectue la transaction. Me Denis Pierre Michel a catégoriquement refusé leur raquette car non conforme à la loi, selon ce que ce dernier a affirmé à RNDDH. Le même jour, soit le 25 mars, les avocats adressent une requête au commissaire du gouvernement, Me EnockGénéGénélus, sollicitant l’autorisant pour Madsende sortir de la prison aux fins d’une transaction bancaire. Le commissaire du gouvernement a refusé dans un premier temps mais a finalement cédé. Sur ordre du commissaire du gouvernement, le prévenu Madsen Clairvoyant escorté par des agents des forces de l’ordre, à bord d’une voiture qui appartiendrait au Commissaire, selon des témoins, s’est rendu à une succursale de la Capital Bank où il a effectuéune transaction de 40 000 dollars américains, qu’il a viré sur le numéro de compte 0411000693, de la BNC, appartenant à Me Duclas. Apres la transaction, le prévenu est retourné dans sa cellule. Me. Duclas confirme avoir reçu le pactole.« Aucune provision légale n’autorise un commissaire du gouvernement à intervenir dans un dossier qui est en pleine instruction », rappelle le RNDDH qui juge le comportement des avocats de la défense de Madsen Clervoyant scandaleux. Les avocats qui étaient chargés de défendre M.Clervoyant ont joué sur sa peur de rester en prison pour lui extorquer la somme faramineuse de quarante-neuf mille neuf cents (49 900) dollars américains », retient le rapport de l’organisation qui avance par ailleurs « qu’il ne peut y avoir d’arrangement dans un dossier pénal en cours d’instruction criminelle. « C’est après que la culpabilité d’un individu a été déclarée par un tribunal compétent sur des faits pénaux à lui reprochés qu’il sera aussi condamné à verser des dommages¬intérêts à la victime ». Le RNDDH se dit sidéré par le fait que la corruption ait atteint au niveau de l’appareil judiciaire des Gonaïves à un point si culminant que tous s’adonnent librement à l’extorsion d’argent, ce avec la complicité des autorités judiciaires et policières,et réclame l’intervention du ministère de la justice dans cette affaire. C’est inédit de voir un commissaire du gouvernement adresser une autorisation écrite à l’institution policière en faveur d’une personne en détention dont le dossier est au cabinet d’instruction, lui permettant de sortir, sous haute escorte policière, en vue d’effectuer une transaction bancaire dans le cadre d’une entente amiable, et de retourner en détention. MJ/Radio Métropole Haïti