Sept ans après le retour à l’ordre constitutionnel en Haïti, quel bilan ?

19 septembre 1994 des troupes américaines à la tête d’une force multinationale débarquent en Haïti. Il s’agissait pour l’Administration de l’ancien président Bill Clinton de renforcer la démocratie dans ce pays . En effet, moins d’un mois plus tard, soit le 15 octobre, le président Jean Bertrand Aristide déchu trois (3) ans plutôt par un sanglant coup d’Etat militaire allait reprendre les rênes du pouvoir. Et pour l’occasion, des milliers d’haïtiens manifestaient leur joie et leur soutien au retour à la démocratie. Sept (7) ans après, où en est-on avec la démocratie? Quel bilan à tirer ? Dans l’ensemble, les avis sont partagés mais le dénominateur commun du bilan de tous les secteurs c’est la dissolution de fait de l’armée . Préoccupé par d’autres activités, le président de la République n’a pas pu dresser son bilan. Jean Bertrand Aristide s’est plutôt contenté de parler implicitement de changement évident du 19 septembre 1994 au 19 septembre 2001. On ne peut plus espérer prendre le pouvoir par les armes en Haïti,affirme-t-il. Cet avis est partagé par l’ensemble des secteurs politiques . Mais, on semble loin des résultats escomptés depuis l’intervention des troupes américaines en Haïti en 1994, selon le leader de l’Alternative pour le changement, le docteur Gérard Blot. Le dissident de Fanmi Lavalas soutient qu’en démocratie quant le droit de vote du peuple n’est pas respecté il y a encore coup d’Etat. On est loin du succès puisque l’armée qui désignait les élus est remplacée par la nouvelle force de police, a t-il expliqué. Le bilan dressé par le porte-parole de l’Initiative de la Société Civile est plutôt mitigé. Des progrès sont constatés tels : stabilité politique, pas de coup d’Etat, des élections sont organisées de façon irrégulière quoique émaillées de controverses, des progrès réalisés au niveau de la liberté d’expression et de réunion, la presse s’efforce d’exercer de façon critique et objective la profession, autant de points positifs que note le professeur Rosny Desroches en comparaison à la situation antérieure. Cependant, des défaillances graves notamment dans le domaine du respect des droits humains et celui du fonctionnement de la justice sont à souligner , précise M. Desroches . Mais, le pouvoir lavalas aurait encore pataugé dans la dictature la plus rétrograde selon Paul Denis, un ancien artisan du retour à l’ordre constitutionnel. “Il n’y a aucun changement” a t-il déclaré, tout est à refaire , affirme le porte-parole de la Convergence Démocratique. Mais ne demandez pas à Paul Denis s’il est déçu d’ avoir contribué au retour à l’ordre constitutionnel. On s’était trompé répond le dirigeant de l’OPL . “On pensait que le président Aristide pouvait faire la différence mais c’est le contraire” a constaté le responsable de l’Opposition qui annonce la poursuite de la lutte pour le renforcement de la démocratie et cette lutte dit-il doit se faire avec d’autres hommes politiques. Le pays est en proie à une grave crise politique depuis la tenue des élections législatives et locales du 21 mai 2000 . Ces élections qui ont permis au parti Fanmi Lavalas de Jean Bertrand Aristide de contrôler le Parlement et les collectivités sont contestées par l’Opposition et la communauté internationale . Les bailleurs de fonds ont suspendu leur assistance économique à Haiti aggravant davantage une situation socio-économique déja précaire. Les négociations de sortie de crise entre le parti au pouvoir et l’ Opposition sont au congélateur depuis plus de deux (2) mois.

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