Silence de la France sur la question de la restitution depuis l’annonce de la soumission officielle du dossier au Quai d’Orsay

Alors que le Pouvoir lavalas bat la grosse caisse dans le cadre de sa campagne en faveur de la restitution, les autorités françaises gardent un profil bas depuis la réaction du Quai d’Orsay en date du 8 avril. Le gouvernement haïtien annonce qu’il a touché officiellement son homologue français de la question. Depuis, le silence est de rigueur du côté de Paris. 7 avril 2003 ,contre toute attente le président haïtien , a jeté du pavé dans la marre. A l’occasion de la commémoration du bicentennaire de la mort de Toussaint Louverture , considéré par plus d’un comme le précurseur de l’Indépendance d’Haïti , Jean Bertrand Aristide a réclamé de l’ancienne métropole ,la France , environ 21 milliards de dollars dans la perspective de la célébration du bicentennaire de l’Indépendance.Cette somme qui équvaudrait à la compensation de la dette de l’indépendance payée en 1825 par le président d’alors Jean Pierre Boyer pourrait servir à la création d’écoles, d’hôpitaux .De même que des enfants pourront manger à leur faim et des emplois seront créés , a expliqué le chef de l’Etat haïtien . Depuis , la restitution est devenue l’un des points clés du programme du Parti au pouvoir. Réparation et restitution, la demande , désormais sur les lèvres et sur les ondes, est à l’ordre du jour. Entre spots et manifestations au quotidien en face de l’Ambassade de France à Port-au-Prince , l’idée fait son chemin, les signaux sont envoyés. La France répondra – t-elle par l’affirmative à la demande du président ? c’est la grande question. La réponse à date du Quai d’Orsay remonte au 8 avril 2003 soit environ vingt quatre (24) heures après les propos de M. Aristide. Pour l’occasion ,le ministère des affaires étrangères avait rejeté cette requête soulignant que , depuis le retour de M. Aristide au pouvoir, la communauté internationale a globalement alloué à Haïti près de deux milliards d’euros dont plus de deux cent millions d’euros d’aide française. Le porte-parole, Jean Pierre Rivasseau, avait ajouté qu’en dépit de cet engagement massif ,malheureusement très peu de résultats ont été enregistrés en terme de développement. La mauvause « gouvernance » et la « dégradation » de la sécurité liée aux graves conflits politiques actuels en Haïti sont les principales raisons de la dérive sociale et économique. En conclusion , le Quai d’Orsay avait affirmé que « la France n’a pas de leçons à recevoir sous quelque forme que ce soit de la part des autorites lavalas surtout en matière de gestion de l’aide au developpement ». Cette prise de position avait été perçue par les officiels haïtiens comme de l’ arrogance de la part du gouvernement français. La ministre de la culture et communication, Lilas Desquiron, avait dit relever des incohérences dans les déclarations de M. Rivasseau. La France s’est depuis tue . La représentation diplomatique française à Port-au-Prince est muette sur le sujet en dépit du fait que le personnel diplomatique assiste au quotidien à la série des manifestations au Champs de Mars. Se contente-t-on de la déclaration du 8 avril ? Serait -on en droit de croire que ce mutisme est évocateur d’une étude de la demande haïtienne par la France ? ou encore traduit-il un consentement à la lumière de l’adage « qui ne dit mot consent » ? Autant de questionnements sur l’attitude de la France depuis la dernière déclaration du Quai d’Orsay. Le 18 mai dernier, lors de la célébration du bicentennaire du drapeau , après avoir chaleureusement salué la présence des membres du corps diplomatique à l’Arcahaie, le président Aristide est revenu à la charge . A deux (2) pas de l’ambassadeur français accrédité en Haïti, Yves Gaudeul, le président de la République a encore rappelé la nécessité pour la France de restituer les 21 milliards à Haïti en compensation de la dette de l’Indépendance.Plus de quarante-huit (48) heures après, aucune réaction . Est-ce le triomphe de la loi du silence ou de la prudence diplomatique ? En tout cas , la France tarde à s’expliquer tandis que lavalas ne rate aucune occasion de faire monter la pression .

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