La ville de Saint-Marc vit une situation dramatique depuis l’opération musclée de la police aidée des membres de « Bale Wouze » contre ceux du Rassemblement des Militants Conséquents de Saint-Marc (RAMICOSM), le 11 février 2004. Des morts et des dégâts matériels considérables, les Lavalassiens de « Bale Wouze » n’ont rien laissé sur leur passage au quartier « Lascirie », base du groupe armé d’opposition RAMICOSM. La Cité de Nissage Saget est plongée dans le chaos. Quand à midi, les cloches de l’église carillonnent, Saint-Marc est toujours somnolente, c’est la prière hebdomadaire, en temps normal et à pareille heure, l’église serait pleine à craquer mais aujourd’hui, peu de fidèles sont venus implorer la providence. Ceux qui vont à la messe réclament délivrance pour la métropole du Bas Artibonite. Saint-Marc, ville de non-droit et de désespérance, la Cité de Nissage Saget en proie à la violence, voilà plus d’une semaine. Le cœur de la ville bat au ralenti, le transport et le commerce paralysés, l’administration publique dysfonctionnelle. Les portes des écoles publique et privées ne sont pas rouvertes depuis les vacances de Noël, quelques 20 stations de radios de la ville ont cessé d’émettre, les éditions de nouvelles phare de la capitale ne sont plus relayées, la communication téléphonique avec d’autres villes pratiquement impossible, le parquet du tribunal est fermé et devant ce qui reste du commissariat de police incendié, une demi-douzaine d’hommes en uniformes de police montent la garde. Dans les principales artères, on se doit de traverser des barricades et marcher sur des tessons de bouteilles. Au cœur de la ville, deux groupes armés RAMICOMS et BALE WOUZE s’affrontaient. Les membres du Rassemblement des Militants Conséquents de Saint-Marc ont battu en retraite, dans leur fief à « lascirie » , il n’y a personne, presque plus personne. C’est tout un quartier vidé, portes fermées, persiennes baissées, « la Scirie » inondée en septembre 2003 est aujourd’hui dévastée par les flammes. Ici , tout est en ruines et gravats . Et, sous les gravats encore fumants, les squelettes de personnes consumés. Ils n’ont pas de visages, ils n’ont pas de noms, impossible de les identifier. La maison de Jean Hugues Narcisse, dirigeant du RAMICOSM, est totalement détruite, il ne reste que les slogans inscrits sur quelques pans de mur qui ont résisté aux flammes. Au moins quatre personnes brûlées à l’intérieur de leurs maisons à « la scirie » mais il y a d’autres personnes tuées au sommet de la montagne où l’odeur âcre des corps déchiquetés vous prend par les narines. Combien de personnes ont été massacrées par la police et les membres de « Bale Wouze », partisans du président Aristide ? La délégation d’organisations de défense des droits de l’homme ( NCHR et POHDH) qui s’était fait accompagner de journalistes à Saint-Marc , le vendredi 13 février, peine à répondre à cette question. Les corps de sept (7) personnes ont été effectivement découverts mais la délégation, se basant sur des témoignages, estime que le bilan des victimes pourrait être plus lourd. De fait , le numéro 2 du RAMISCOSM , Nixon François , a été tué dans la localité dénommée « Maugé » non loin de Saint Marc , le samedi 14 février. Son corps mutilé a fait le tour de la ville, dimanche, où la plupart des gens se préparent à aller au lit vers seize (16) heures . Les membres du groupe armé « Bale Wouze » imposent donc leur loi à Saint-Marc. Les policiers dans la ville sont sous la coupe des partisans du Chef de l’Etat qui effectuent des patrouilles à leur place. En dépit du constat fait par les journalistes, le responsable de « Bale Wouze » , coordonnateur de Fanmi Lavalas dans le Bas-Artibonite et directeur de la douane , Biron Odigé, se refuse à admettre les faits.
Situation de terreur à Saint Marc
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