Société civile et urbanisme : une synergie essentielle pour le futur des villes haïtiennes

L’agence Expertise France en Haïti en collaboration avec le Bureau National de l’Ordonnateur du Fonds Européen de Développement (BONFED) a organisé Le 22 juin au restaurant la Réserve,  la 8ème édition d’Urb’Kafé. L’événement s’est déroulé sur le thème « Société civile et urbanisme : pour plus de participation et de responsabilité sociale » et vise à engager un débat constructif avec les acteurs de la société civile pour souligner l’importance de l’engagement collectif dans la planification et la gestion des villes.

L’architecte Lesly Voltaire, Conseiller présidentiel de la transition, invité d’honneur, a mis l’accent sur l’inclusion de toutes les forces vives de la société dans un tel processus: « Nous ne pouvons parler de réforme d’urbanisme et d’avenir sans penser à impliquer tout le monde, c’est-à-dire les jeunes, les adultes et, bien évidemment, les femmes. »

L’atelier a abordé des  thèmes importants tels que la gouvernance et la planification urbaine, le renforcement des capacités des organisations de la société civile et le vivre-ensemble. Cassandre Mehu, architecte spécialisée en patrimoine, a insisté sur la nécessité de la participation citoyenne dans la définition des politiques publiques urbaines : « Aujourd’hui, il nous faut des citoyens qui s’impliquent, qui s’engagent. Et en plus de l’engagement, il faut de l’organisation, la coordination et la confiance. Les risques sont nombreux, donc tout doit suivre un plan. »

Urb’Kafé s’inscrit dans le cadre du programme Urbayiti, lancé en 2018 par l’État haïtien et financé par l’Union européenne. Dix-huit partenaires mettent en œuvre ce programme à Port-au-Prince, Cayes, Jérémie, Dame-Marie et Beaumont. Le programme promeut un urbanisme participatif pour répondre aux défis de l’aménagement du territoire, tels que la croissance urbaine mal maitrisée ou l’extension trop rapide des quartiers informels.

Le juriste Fabrice Fièvre, représentant du barreau de Port-au-Prince, a souligné l’importance du zonage urbain : « La ville doit être conçue de sorte à inspirer le bien-être. Depuis un certain temps, nos villes ne suivent aucune charte de construction. Prenons comme exemple ‘La plaine du cul de sac’ ; c’est une zone agricole qui se transforme, et sans suivre un plan d’urbanisme. »

Expertise France a profité de cet atelier pour présenter un bilan du programme Urbayiti, avec plus de 24 millions dépensés dans les réformes institutionnelles et 25 millions dans l’amélioration des infrastructures urbaines. L’économiste Enomy Germain a salué cette initiative, soulignant l’importance de la transparence dans un programme de telle envergure: « La question de l’accès à l’information est l’un des problèmes majeurs de notre société. Il faut rendre l’information accessible à tous, de manière simple à comprendre par la population. »

Le programme Urbayiti est porté par des institutions haïtiennes(ST-CIAT, MICT, MTPTC, Dinepa, Mairies de Port-au-Prince, de Jérémie et des Cayes) avec le soutien technique des agences de coopération française (Expertise France) et espagnole (AECID), ainsi que des ONG, vise à renforcer la gouvernance urbaine aux niveaux national et local. Il ambitionne à doter le pays d’une politique nationale de la ville, à produire des études pratiques sur la mobilité et la gestion des eaux pluviales, à doter plusieurs communes de documents de planification urbaine et à engager des opérations d’aménagement urbain dans les cinq villes d’intervention du programme.

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