Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR) annonce dans un communiqué que La militante des droits Humains Sonia Pierre fait l’objet une nouvelle fois de persécutions en République Dominicaine. « Suite aux déclarations de la Secrétaire d’Etat américaine, Hilary Clinton autour de la situation des immigrants haïtiens en République Dominicaine, une vaste campagne d’intimidation s’est déclenchée tout azimuts contre Sonia Pierre, militante des droits humains qui défend les droits des immigrants haïtiens et ceux de leurs descendants en République Dominicaine. » informe le GARR dans ce communiqué rendu public le 10 octobre 2011. Des secteurs puissants du monde politique, religieux, des affaires et de la société civile dominicaine sont montés au créneau pour qualifier Sonia Pierre de tous les noms, insulter ceux et celles qui défendent les immigrants haïtiens et démentir du même coup toute information faisant état des violations des droits des ressortissants haïtiens et de leurs descendants dans ce pays. Certains sont allés jusqu’à qualifier Sonia de cancer pour la République Dominicaine, de traitresse et même de terroriste. Sa photo a été affichée dans le métro de la capitale comme ennemie de la nation « qui abuserait de l’hospitalité qui lui est donnée pour séjourner dans ce pays », rejetant ainsi Sonia comme dominicaine à part entière. Cette campagne d’intimidation survient suite à des actions de plaidoyer menées par plusieurs organisations travaillant avec les descendants des haïtiens en République Dominicaine autour du processus de dénationalisation dont sont victimes des centaines de dominicains et dominicaines d’origine haïtienne. Dans une pétition adressée à la Commission Interaméricaine de Droits Humains (CIDH), une douzaine d’organisations dominicaines, américaines et européennes, parmi elles l’organisation de Sonia Pierre (MUDHA), ont sollicité et obtenu de la CIDH pour le 24 Octobre prochain une audience publique afin de mieux expliquer ce problème. Le gouvernement dominicain est invité à prendre part à cette audience. Plusieurs secteurs dominicains mécontents de cette initiative qui fait pourtant partie des actions prévues dans le système international de droits humains auquel se dit adhéré l’Etat dominicain, ont pointé du doigt Sonia Pierre en déclenchant contre elle une cinglante campagne médiatique. Elle est citée par le cabinet d’avocat d’un parti politique anti-haitien à se présenter par-devant un juge pour venir s’expliquer sur une récente déclaration qu’elle a faite et dans laquelle elle a donné des informations sur des centaines de cas documentés de dénationalisation de personnes d’origine haïtienne. A noter que depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution dominicaine en janvier 2010, consacrant en même temps le jus soli et le jus sanguini (droit du sol et droit du sang) en matière de nationalité, de nombreux dominicains et dominicaines d’origine haïtienne se sont vus refuser le renouvellement de leurs documents d’identité tels que passeport, cedula (carte d’identité) et actes de naissance. Pour certains cas, il a fallu une autorisation spéciale de la Junte Centrale Electorale (JCE) pour que le document réclamé – généralement délivré à travers des bureaux décentralisés- soit accordé. Au cours du mois de septembre 2011, Sonia Pierre qui avait sollicité un extrait de son acte de naissance au bureau concerné dans sa zone de naissance a pu finalement entrer en possession de ce document suite à une intervention spéciale auprès de la JCE. En raison d’une série de dispositions spéciales prises par les autorités, des personnes qui ont vécu toute leur vie avec la citoyenneté dominicaine, qui ont étudié et obtenu des diplômes, acheté des biens comme ressortissants de ce pays, se sont retrouvées d’un jour à l’autre dépossédées de cette nationalité, autrement dit sont devenues apatrides. Selon des organisations de droits humains, plusieurs enfants d’origine haïtienne n’ont pas pu continuer leurs études au niveau secondaire ni s’inscrire à l’université en raison de ces problèmes de documents. D’un autre côté, alors que la nouvelle constitution accorde aux ressortissants étrangers vivant légalement dans le pays le droit d’enregistrer leurs enfants nés sur le sol dominicain comme citoyens de ce pays, plusieurs haïtiens qui résident légalement en République Dominicaine ont toutes les peines du monde à déclarer leurs enfants. Quant à ceux et celles qui étaient nés avant l’entrée en vigueur de cette nouvelle constitution et qui représentent des centaines de milliers de personnes, rien n’est dit sur leur sort. Au contraire, c’est un processus de dénationalisation du faible pourcentage de cette population qui avait pu obtenir son acte de naissance qui est enclenché. L’année 2011 ramène le 50ème anniversaire de l’adoption de la Convention Internationale pour la prévention de l’Apatridie dont la République Dominicaine est signataire. Selon cette convention, les Etats partie doivent entreprendre tous les efforts pour diminuer le nombre d’apatrides dans leur pays et s’organiser pour que tout individu né sur leur territoire soit enregistré. Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) condamne les menaces et intimidations dont est l’objet une nouvelle fois Sonia Pierre en République Dominicaine. Il renouvelle à la militante toute son affection et sa solidarité et invite les organisations de droits Humains en Haïti et dans le monde à soutenir Sonia Pierre dans cette nouvelle épreuve. EJ/Radio Métropole Haïti
Sonia Pierre encore sous des menaces en République Dominicaine
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