La partie nord d’Haïti échappait lundi au contrôle du président Jean Bertrand Aristide tandis que des violences continuaient à toucher d’autres villes du pays, liées parfois à des affrontements entre bandes rivales. L’ONU, les Etats-Unis, la France, le Canada et l’Organisation des Etats Américains (OEA) ont appelé à l’arrêt immédiat des affrontements, qui ont fait 41 morts depuis jeudi. Dans une dizaine de villes, les commissariats de police étaient lundi désertés, après avoir été pillés et incendiés par des opposants. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a annoncé que l’Organisation allait « très prochainement » accroître son engagement en Haïti, tandis que le département d’Etat accusait le gouvernement haïtien de contribuer « assez souvent » à la violence. « Il y a des bandes violentes, des brutes des deux côtés », a affirmé son porte-parole Richard Boucher. Comme les Etats-Unis, la France « appelle à l’arrêt immédiat des violences d’où qu’elles viennent, et au respect des règles de droit », selon le ministère français des Affaires étrangères. Le Canada a aussi appelé au « calme et au respect intégral de la primauté du droit » en Haïti. « Le Canada condamnefermement le recours à la violence », a affirmé le ministre canadien desAffaires étrangères Bill Graham. Au cours du week-end, l’OEA avait réclamé que tout changement politique soit mené « de manière pacifique et démocratique ». De fait, depuis la fin de la semaine dernière, plusieurs zones du nord sont livrées à l’anarchie, avec des tirs et des pillages. Lundi, des renforts de la police acheminés de Port-au-Prince, équipés notamment d’hélicoptères, ont réussi à reprendre le contrôle de la ville de Saint-Marc, à 96 kilomètres au nord de la capitale, selon des habitants et une source policière. Depuis ce week-end, deux bandes armées rivales s’affrontaient dans cette localité de 160.000 habitants, où des barricades enflammées avaient été érigées. Les affrontements lundi ont fait un mort et deux blessés du côté des rebelles. La police est venue aider des militants pro-Lavalas (au pouvoir) du mouvement local « Balai Rouzé » à prendre le dessus sur une bande armée dénommée Rassemblement des militants conséquents de Saint-Marc (Ramicos). Ce groupe, opposé au président, avait incendié samedi le commissariat de la ville et s’était emparé d’armes et de munitions après la fuite de policiers. Afin de montrer l’autorité de l’Etat, le Premier ministre Yvon Neptune s’est rendu dans l’après-midi dans la ville qui se trouve sur la route menant de Port-au-Prince aux Gonaïves (nord-ouest). Principale ville de la région nord-ouest, les Gonaïves (200.000 habitants) est depuis jeudi sous le contrôle des rebelles du Front de résistance révolutionnaire de l’Artibonite. Dans le nord d’Haïti, un commissariat de la localité de Dondon a été incendié par la population, faisant fuir les policiers, selon lundi Radio Vision 2000, citant son correspondant local. Des tirs nourris ont d’autre part été entendus dans la nuit de dimanche à lundi à Cap-Haïtien (nord), la 2e ville du pays, visant notamment les maisons de membres présumés de l’opposition locale. L’usine qui fournit l’électricité à cette ville a cessé lundi ses activités, faute de carburant qui transite par les Gonaïves. Selon des médias locaux, le calme régnait toutefois lundi au Cap-Haïtien, où écoles et commerces ont ouvert leurs portes. A Port-au-Prince, la situation est restée également calme, de même qu’àJacmel (sud-est) où des hommes armés opposés au gouvernement ont fait récemment leur apparition à l’est de la ville. Port-au-Prince , 9 Février 2004 AFP
Une partie d’Haïti en situation insurrectionnelle
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