Vers la création d’un institut national pour la paix sous l’égide de l’Eglise Catholique

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La Conférence Episcopale d’Haiti (CEH) lance un message de paix à la société à l’occasion de la fin d’année. Les Evêques estiment que c’est la voie du salut pour le pays . Ils s’engagent à scruter ce chemin en mettant en place certaines structures. Dans une exhortation pastorale liée à la saison des fêtes publiée le lundi 23 décembre 2002, les évêques d’Haiti annoncent la création prochaine de « l’institut national pour la paix » . Il s’agit d’un centre interdisciplinaire dont la vocation serait non seulement d’enseigner les techniques de construction de la paix mais aussi de rechercher les causes struturelles de nos conflits et de proposer des solutions. Une autre entreprise est également en vue : la création d’un fonds national pour la paix , lequel financera des dépenses sociales de biens essentiels en milieu communautaire . La nécessité d’une paix profonde peut avoir inspiré les évêques dans cette démarche . Eux qui se disent  » frappés de constater qu’en Haiti la paix n’est autre qu’un désir tandis que la violence demeure un fait « . « Dans la situation socio-politique actuelle , la réconciliation est un voeu profond tandis que la division reste une réalité permanente « , écrivent les évêques . La Conférence Episcopale a pris soin de souligner que le message en faveur de la paix profonde lancé aujourd’hui n’est pas un appel à la résignation consistant à se fermer les yeux comme si les faites présentes ou passées des uns et des autres sont effacées ce serait injuste , inhumain , irréaliste de le concevoir ainsi , soulignent-ils . « Un peuple qui oscille entre des périodes de grande joie et de profonde tristesse , entre l’espérance et l’angoisse entre la confiance et la désillusion « . Ceci s’explique par le fait que beaucoup trop d’haitiens sont encore tourmentés par la faim et la pauvreté . »Trop de pères de famille sont au chômage . Trop de mères sont sans ressources , trop d’ enfants innocents sont malades et mals nourris trop de jeunes sans avenir et n’ont d’espoir que dans la fuite humiliante vers l’étranger « , déplorent , entre autres , les évêques d’Haiti . De plus, la Conférence Episcopale fait remarquer que l’ordre social se dégrade , les liens de famille se distendent au point où les jeunes remettent en cause l’autorité des parents de même . L’ Eglise critique également le fossé qui se creuse de plus en plus entre riches et pauvres . Elle dénonce de plus le fait qu’à cette nouvelle phase de son histoire, si critique et si périleuse , Haiti est en crise , « une crise marquée par notre incapacité à nous engager résolument sur la voie du changment des objectifs et des méthodes » . En un mot , écrit-elle, la voie du redressement des inégalités. Celle qui devrait mener à l’avènement d’une ère de bien-être et de prospérité pour tous . L’Eglise Catholique a aussi souligné dans son exhortation pastorale qu’Haiti est marquée par  » 200 ans de convulsions , de guerres intestines , d’assassinats politiques , de coups d’Etat , d’invasions étrangères où l’on privilégie le recours à la force comme moyen de règlement des conflits , nous transormant ainsi en un état garnison . C’est-à-dire un état dans lequel les adeptes de la violence sont souvent les plus puissants de la société « , dénonce la Conférence Episcopale . « Construire la paix et la réconciliation étant donc une nécessité voire un défi »,les évêques sollicitent l’apport et l’implication de tous les secteurs . « Aux jeunes qui sont la force sociale , aux militants de la cause du respect des droits de l’homme , aux membres de la presse pour leur courage en faveur de la justice , aux femmes objets de discrimination dans les salaires, aux membres du secteur privé aux droits inaliénables à la protection du capital et au respect de l’esprit d’entreprise privée , aux intellectuels ,artistes , étudiants , professeurs et experts ,  » tous sont appelés à jouer « leur rôle dans la construction de l’édifice de la paix en Haiti », souligne la Conférence Episcopale .

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