Violation des droits de migrants haïtiens : les autorités dominicaines épinglées

Le Réseau frontalier Jeannot Succès pour la Promotion et la Défense des Droits Humains dénonce les mauvais traitements infligés aux migrants illégaux haïtiens en instance d’expulsion par les autorités de l’immigration dominicaine. « Elles sapent la dignité des personnes et violent leurs droits fondamentaux « , précise l’organisation qui est témoin des opérations de rapatriement d’immigrés haïtiens illégaux effectués dans les véhicules  » délabrés « , violant  » toutes les règles de sécurité routière, le respect pour la vie et la sécurité des migrants ». L’ONG binationale accuse la Direction de Migration de rapatrier les étrangers dans des véhicules  » sans vitres, avec des pneus en mauvais état, des parties de la carrosserie sur le point de tomber, des sièges endommagés, sans un minimum de confort et sans aucune sécurité pour le transport de personnes « . « Cette situation représente une constante de l’état des véhicules assurant ces opérations « , selon le RFJS qui a rappelé qu’un bus de la Migration dominicaine, transportant 90 personnes a pris feu le 12 avril dernier sur la route Hatillo-Las charcas (Azua). Le véhicule a été complètement réduit en cendres causant des blessures et des brûlures mineures aux migrants haïtiens déportés et au personnel de l’immigration. Deux mois plus tard, 109 personnes en processus de déportation durent abandonner l’un de ces véhicules en très mauvais état à l’entrée de Comendador (Elías Piña) et poursuivre leur route à pied pendant plusieurs kilomètres. L’ONG binationale accuse la Direction générale de Migration de persister dans l’utilisation de ces véhicules en très mauvais état, « bondés de migrants haïtiens illégaux que l’on rapatrie plusieurs fois par semaine, dans des conditions où le manque de sécurité est flagrant, en violation de toutes les règles de sécurité routière, sans respect de la vie et sans aucune considération pour leur sécurité. »«En plus d’effectuer des rapatriements collectifs interdits par le droit international, dénonce le RFJS, les autorités dominicaines ne remettent aucune copie de l’ordonnance d’expulsion aux personnes déportées, qui ne reçoivent aucune assistance juridique, ne sont aucunement informées de leur rapatriement et sont enfermées dans des centres de rétention surpeuplés pendant plus de 48 heures en violation de la Constitution ».En outre, « ils sont laissés à la merci des arnaqueurs et des voleurs aux postes-frontières sans en aviser les autorités consulaires de leur pays d’origine pour leur fournir les soins médicaux ou psychologiques dont ils ont besoin.  » Une pratique qui viole effectivement les droits des personnes expulsées », dénonce l’organisation binationale de défense des droits de l’homme « .Le Réseau transfrontalier Jeannot Succès pour la Promotion et la Défense des Droits Humains doit son nom au ressortissant haïtien Jeannot Succès, originaire de Roche Plate, dans l’Artibonite, nom d’une région d’Haïti qui vient de celui du fleuve homonyme qui le traverse, le plus long du pays et de l’île d’Hispaniola.Jeannot Succès est marié depuis environ 5 mois, quand il décida de traverser la frontière en quête d’emploi, le 12 août 2000. Il ne devait pas revenir vivant en Haïti.Le véhicule qui le transportait avait eu un accident et Jeannot avait choisi de rebrousser chemin et regagner son village natal dans l’Artibonite.Mais, sur le chemin du retour, un militaire dominicain identifié comme le Commandant Luis procéda à son arrestation et l’enferma à la caserne de Cañada tout en exigeant de lui 20 pesos pour lui permettre de continuer son voyage vers Haïti.Le ressortissant haïtien refusa et fut battu à mort. Au matin du 13 août 2000, il rendit l’âme au centre de santé dominicain de Hondo Valle. Il avait 22 ans.Le drame soulève l’indignation des deux côtés de la frontière et moins d’un an plus tard, un Réseau constitué de comités de droits humains haïtiens et dominicains voit le jour et adopte le nom du migrant assassiné pour maintenir vivante sa mémoire.Il s’agit du Réseau Frontalier Jeannot Succès pour la Promotion et la Défense des Droits Humains. Le Réseau compte déjà à son actif de nombreuses actions de vigilance et de dénonciation d’abus et de violations de droits humains à la frontière ainsi que de sensibilisation en faveur de rapports harmonieux entre les deux peuples voisins de l’île.HA/Radio Métropole Haïti

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