Washington conseille à Aristide de ne pas « remuer le passé »

Les Etats-Unis ont conseillé lundi à l’ex-président haïtien Jean Bertrand Aristide, qui continue de se dire en fonction malgré son exil en République centrafricaine, de ne pas « remuer le passé ». « Si M. Aristide veut vraiment servir son pays, il doit, à notre avis, laisser son pays se pencher sur son avenir et ne pas essayer encore de remuer le passé », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Richard Boucher. M. Aristide a affirmé lundi être toujours « le président démocratiquementélu » de Haïti. Il a appelé à la « résistance pacifique pour restaurer l’ordre constitutionnel », au cours de sa première apparition publique depuis son arrivée le 1er mars à Bangui dans un avion affrété par les Etats-Unis, aprèsavoir quitté son pays dans des conditions controversées.M. Boucher a déclaré que M. Aristide « avait pris la décision de démissionner au nom de l’intérêt de son pays » et a souligné que la page se tournait désormais sans lui, avec la mise en place d’un processus devant aboutir à la formation d’un nouveau gouvernement. »L’avenir d’Haïti est une question sur laquelle il revient au peuple haïtien de décider », a-t-il ajouté.M. Boucher a également indiqué que le lieu d’asile définitif de M. Aristide relevait de sa responsabilité et de celle des pays concernés, pas de celle des Etats-Unis. « Il est libre de se rendre dans tout pays qui voudrait le laisser entrer. La décision doit être prise par les pays à titre individuel, sans que nous ne soyons impliqués », a-t-il déclaré. Un haut responsable américain a par ailleurs indiqué que le souhait premier de M. Aristide, lors de son départ de Port-au-Prince, était de se rendre en Afrique du sud, mais que cela n’avait pas été rendu possible en raison du refus de Pretoria. « Quand il est parti, Aristide voulait aller en Afrique du sud » mais « nous avons découvert que ce pays n’était pas en mesure de l’accepter tout de suite »,a déclaré ce responsable à des journalistes. Le départ de M. Aristide le dimanche 29 février avait été suivi de plusieurs heures d’incertitude sur sa destination. Plusieurs pays avaient été mentionnés de manière informelle -le Maroc, le Panama et l’Afrique du sud-avant que finalement il se rende en Centrafrique. Les Etats-Unis avaient indiqué par la suite qu’une première destination, sans dire laquelle, avait dû être abandonnée, obligeant les autorités américaines à trouver d’urgence un autre lieu d’accueil pour le présidentdéchu. WASHINGTON, 8 mars (AFP)

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